Johan van der Keuken naît à Amsterdam en 1938. Il a douze ans quand son grand-père l’initie à la photographie, dix-sept quand il publie son premier album et dix-huit lorsqu'il intègre l’IDHEC (l'Institut des hautes études cinématographiques), à Paris. Nous sommes en 1956 ; il passera deux années dans la capitale française, deux années de vagabondage visuel où l’école n’est qu’un alibi pour flâner dans la ville, "se poser des questions, chercher des réponses", bref, "découvrir la vie". C’est à cette même époque qu’il travaille à la réalisation de son livre "Paris mortel" qui verra effectivement le jour en 1963. Pour Johan van der Keuken, c’est une période de lente transition vers le cinéma, où il questionne la notion même de vision, explore le cadre et la couleur, expérimente des choses qui doucement, viendront nourrir ses films. Il en réalisera plus d’une cinquantaine. "Un moment de silence", officiellement son premier film, réalisé en 1960, ouvre sa filmographie et annonce tout son cinéma à venir : des récits fragmentaires dont l’agencement bouscule les règles du montage traditionnel. Une caméra faite œil, un corps caméra, un cinéma physiologique qui enregistre ce qui l’entoure et le restitue dans le flot des images par le prisme de la pensée. À sa mort, il laisse une œuvre engagée et universelle, riche d’une cinquantaine de films tous tournés en pellicule, dont on peut citer "L'Enfant aveugle" (1964), "Les Vacances du cinéaste" (1974), "Vers le Sud" (1981), "L'Œil au-dessus du puits" (1988), "Amsterdam Global Village" (1996), ou encore, "Vacances prolongées" (2000).
Big Ben - Ben Webster in Europe
La personnalité et le talent de Ben Webster, le saxophoniste américain installé à Amsterdam, ont profondément marqué le cinéaste. Légende vivante du jazz et du blues, c'est un homme violent et doux, généreux et angoissé. Filmant la relation de l'homme avec la musique, Johan van der Keuken saisit la force cachée du musicien, disparu six ans après.
"Il a été demandé à une quinzaine de cinéastes, pour un programme de variétés très populaire de la télévision hollandaise, de réaliser un film-feuilleton dans un système de relais : chaque nouvelle édition reprenait la dernière image de l'édition précédente et développait l'histoire à partir de celle-là, il fallait travailler selon les codes du film policier. J'ai "saboté" ces codes, en faisant...
Les instruments à vent d'Europe, avec les armées, les marchands et les églises pour se répandre dans le monde entier. Ils ont conquis les terres, asservi les peuples. Face aux tam-tams, ils ont loué un Dieu unique. De très curieux ont fini par épouser les percussions tribales. Ils nous font des retours ainsi métissés dans le jazz, le rock et la World Music.
"Ma soeur Joke, de deux ans et demi mon aînée, est morte d'un cancer le 8 août 1997. Huit jours avant sa mort, ma femme Noshka et moi avions eu une longue conversation avec elle et que j'ai filmée avec une caméra vidéo digitale. Deux jours avant sa mort, j'ai filmé une deuxième conversation, courte cette fois-ci, avec elle. J'avais demandé à Joke, non sans une certaine timidité, la permission d...
Un petit village dépeuplé de l'Aude, un vieux couple confie à la caméra du "vacancier", simple caméra à ressort, les souvenirs d'un autre temps : la guerre, la maladie, la mort... Le cinéaste néerlandais construit le film comme un recueil d'images autonomes qui, réunies, composent son univers mental : le bonheur familial, fragments de quelques-uns de ses films antérieurs, hommage au saxophonist...
Quelle perception a un enfant aveugle de la réalité ? Johan van der Keuken a passé deux mois dans un institut spécialisé aux Pays-Bas pour approcher ce mystère. "L'Enfant aveugle" révèle un monde difficile à imaginer : la lutte continue de l'homme sans regard pour rester en contact avec la réalité. Pour rendre compte d'un tel handicap au quotidien, Johan van der Keuken trouve des équivalences ...
Herman Slobbe - L’Enfant aveugle 2
C'est durant le tournage de "L'Enfant aveugle" que van der Keuken fait la rencontre d'Herman Slobbe. Celui-ci capte son attention. À l'âge de la puberté, aveugle, Herman Slobbe doit se débattre avec son environnement pour se frayer un chemin. La forte personnalité d’Herman se double d’un rapport exceptionnel à la jouissance. Si les aveugles apparaissent souvent comme des êtres introvertis, celu...
Dans le cadre du projet Hexagon, six compositeurs néerlandais inspirent six cinéastes. Pour le cinéaste Johan Van Der Keuken et le compositeur hollandais Willem Breuker, c'est l'occasion de prolonger une collaboration de longue date (une dizaine de films depuis 1967). Le film est librement construit et totalement orienté vers le mouvement physique : l'animal en locomotion, c'est le cinéma.
Après avoir parcouru le monde du Nord au Sud, d’Est en Ouest, Johan van der Keuken choisit de filmer ce lieu d’accueil qu’est sa ville natale et livre cette fresque sur Amsterdam et ses habitants. Les cercles paisibles des canaux de la vieille cité lui inspirent une construction en mouvements latéraux à travers les saisons, à travers le temps, mouvements interrompus par une série de rencontres ...
Ce film constitue un objet filmique ludique et expérimental. Les images de plusieurs films de Johan van der Keuken y sont montées de manière rythmée et circulaire pour souligner la répétition et la similitude des gestes qu’elles donnent à voir : les gestes quotidiens d’hommes et de femmes au travail, à travers le monde.
Fasciné depuis toujours par l’art de Lucebert (1924-1994), l’un des poètes les plus influents de la littérature néerlandaise, également artiste visuel, Johan van der Keuken lui a consacré trois courts métrages en 1962, en 1967 et en 1994. Ce triptyque est réuni en un seul film dont le dernier volet a été tourné dans l’atelier de Lucebert peu après sa mort.
Johan van der Keuken filme en Inde, au Kerala, diverses situations d'enseignement ou d'apprentissage : les cours dans une école de danse, dans une école de chant, d'arts martiaux, ou encore une école védique, une scène de théâtre. En contrepoint, la circulation de l'argent à travers l'itinéraire d'un petit prêteur de campagne passant de village en village. C'est un mouvement filmique qui capte ...
Octobre 1998, Johan van der Keuken apprend que son cancer de la prostate ne lui laisse que quelques années à vivre. Caméra à l’épaule, il part en compagnie de sa femme pour un dernier voyage, dont il fera son dernier film. De Noël 1998 à l’été 1999, il sillonne les pistes du Mali, les contreforts himalayens du Bhoutan, les aéroports américains... Partout, des êtres dans leur quotidien : le ritu...
Refusant la linéarité du récit, le cinéaste propose une véritable polyphonie des apparences, une cartographie de visages, reflet d'une Europe imaginaire et partielle, entre Londres, Marseille, Prague et les Pays-Bas. "Tout tourne autour du visage et du voir, l'impossibilité de se voir soi-même, la peur et le désir de voir l'autre. Et, dans cette thématique du voir, la lutte confuse pour l'ident...
La Waddenzee, Mer des Terres humides, est une région naturelle unique, zone côtière des Pays-Bas, de l'Allemagne et du Danemark qui, selon les marées, est tantôt mer, tantôt terre. Johan van der Keuken filme cette "jungle plate", sa faune, sa flore et ses habitants. Leur vie a été bouleversée par les développements économiques, techniques et industriels de la région.
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La personnalité et le talent de Ben Webster, le saxophoniste américain installé à Amsterdam, ont profondément marqué le cinéaste. Légende vivante du jazz et du blues, c'est un homme violent et doux, généreux et angoissé. Filmant la relation de l'homme avec la musique, Johan van der Keuken saisit la force cachée du musicien, disparu six ans après.
"Il a été demandé à une quinzaine de cinéastes, pour un programme de variétés très populaire de la télévision hollandaise, de réaliser un film-feuilleton dans un système de relais : chaque nouvelle édition reprenait la dernière image de l'édition précédente et développait l'histoire à partir de celle-là, il fallait travailler selon les codes du film policier. J'ai "saboté" ces codes, en faisant...
Les instruments à vent d'Europe, avec les armées, les marchands et les églises pour se répandre dans le monde entier. Ils ont conquis les terres, asservi les peuples. Face aux tam-tams, ils ont loué un Dieu unique. De très curieux ont fini par épouser les percussions tribales. Ils nous font des retours ainsi métissés dans le jazz, le rock et la World Music.
"Ma soeur Joke, de deux ans et demi mon aînée, est morte d'un cancer le 8 août 1997. Huit jours avant sa mort, ma femme Noshka et moi avions eu une longue conversation avec elle et que j'ai filmée avec une caméra vidéo digitale. Deux jours avant sa mort, j'ai filmé une deuxième conversation, courte cette fois-ci, avec elle. J'avais demandé à Joke, non sans une certaine timidité, la permission d...
Un petit village dépeuplé de l'Aude, un vieux couple confie à la caméra du "vacancier", simple caméra à ressort, les souvenirs d'un autre temps : la guerre, la maladie, la mort... Le cinéaste néerlandais construit le film comme un recueil d'images autonomes qui, réunies, composent son univers mental : le bonheur familial, fragments de quelques-uns de ses films antérieurs, hommage au saxophonist...
Quelle perception a un enfant aveugle de la réalité ? Johan van der Keuken a passé deux mois dans un institut spécialisé aux Pays-Bas pour approcher ce mystère. "L'Enfant aveugle" révèle un monde difficile à imaginer : la lutte continue de l'homme sans regard pour rester en contact avec la réalité. Pour rendre compte d'un tel handicap au quotidien, Johan van der Keuken trouve des équivalences ...
Herman Slobbe - L’Enfant aveugle 2
C'est durant le tournage de "L'Enfant aveugle" que van der Keuken fait la rencontre d'Herman Slobbe. Celui-ci capte son attention. À l'âge de la puberté, aveugle, Herman Slobbe doit se débattre avec son environnement pour se frayer un chemin. La forte personnalité d’Herman se double d’un rapport exceptionnel à la jouissance. Si les aveugles apparaissent souvent comme des êtres introvertis, celu...
Dans le cadre du projet Hexagon, six compositeurs néerlandais inspirent six cinéastes. Pour le cinéaste Johan Van Der Keuken et le compositeur hollandais Willem Breuker, c'est l'occasion de prolonger une collaboration de longue date (une dizaine de films depuis 1967). Le film est librement construit et totalement orienté vers le mouvement physique : l'animal en locomotion, c'est le cinéma.
Après avoir parcouru le monde du Nord au Sud, d’Est en Ouest, Johan van der Keuken choisit de filmer ce lieu d’accueil qu’est sa ville natale et livre cette fresque sur Amsterdam et ses habitants. Les cercles paisibles des canaux de la vieille cité lui inspirent une construction en mouvements latéraux à travers les saisons, à travers le temps, mouvements interrompus par une série de rencontres ...
Ce film constitue un objet filmique ludique et expérimental. Les images de plusieurs films de Johan van der Keuken y sont montées de manière rythmée et circulaire pour souligner la répétition et la similitude des gestes qu’elles donnent à voir : les gestes quotidiens d’hommes et de femmes au travail, à travers le monde.
Fasciné depuis toujours par l’art de Lucebert (1924-1994), l’un des poètes les plus influents de la littérature néerlandaise, également artiste visuel, Johan van der Keuken lui a consacré trois courts métrages en 1962, en 1967 et en 1994. Ce triptyque est réuni en un seul film dont le dernier volet a été tourné dans l’atelier de Lucebert peu après sa mort.
Johan van der Keuken filme en Inde, au Kerala, diverses situations d'enseignement ou d'apprentissage : les cours dans une école de danse, dans une école de chant, d'arts martiaux, ou encore une école védique, une scène de théâtre. En contrepoint, la circulation de l'argent à travers l'itinéraire d'un petit prêteur de campagne passant de village en village. C'est un mouvement filmique qui capte ...
Octobre 1998, Johan van der Keuken apprend que son cancer de la prostate ne lui laisse que quelques années à vivre. Caméra à l’épaule, il part en compagnie de sa femme pour un dernier voyage, dont il fera son dernier film. De Noël 1998 à l’été 1999, il sillonne les pistes du Mali, les contreforts himalayens du Bhoutan, les aéroports américains... Partout, des êtres dans leur quotidien : le ritu...
Refusant la linéarité du récit, le cinéaste propose une véritable polyphonie des apparences, une cartographie de visages, reflet d'une Europe imaginaire et partielle, entre Londres, Marseille, Prague et les Pays-Bas. "Tout tourne autour du visage et du voir, l'impossibilité de se voir soi-même, la peur et le désir de voir l'autre. Et, dans cette thématique du voir, la lutte confuse pour l'ident...
La Waddenzee, Mer des Terres humides, est une région naturelle unique, zone côtière des Pays-Bas, de l'Allemagne et du Danemark qui, selon les marées, est tantôt mer, tantôt terre. Johan van der Keuken filme cette "jungle plate", sa faune, sa flore et ses habitants. Leur vie a été bouleversée par les développements économiques, techniques et industriels de la région.