Un film super 8, trouvé dans une ambassade, montre des réfugiés politiques qui organisent leur vie en transit dans ce territoire d'asile après un coup d'État militaire (on pense au Chili de Pinochet, mais rien ne le dit). La voix du commentateur parle de notes prises au jour le jour. Ses images à main levée nous communiquent leur émotion : arrivée des fuyards, organisation de la survie, les uns racontent l’horreur, d’autres restent prostrés. On rassure les enfants. Communistes et anarchistes se disputent, au loin la terrible tour de la police est allumée jour et nuit.
Réalisateur | Chris Marker |
Acteurs | François Niney, Vladimir Léon |
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Ce film d’amateur muet mais commenté nous dit les journées dramatiques vécues par les rescapés d’un putsch dans une ambassade. Par l’inversion que provoque sa chute, ce court métrage reverse en quelque sorte la fiction révélée in fine au rang du documentaire vrai.
Par sa qualité de home-movie à vif, le film, à l’opposé de l’information « objective », nous a fait ressentir paradoxalement une certaine réalité intime de la peur, de l’arbitraire totalitaire, de l’exil et de la perte de tout (du familier, de l’espoir, du sens de la vie, de la vie même). Si l’angoisse et le malaise nous gagnent avec la conviction du document, ils perdurent quand le documentaire s’avère fiction. C’est que le drame a pris relief quasiment dans notre salon, et nous réalisons que si ce coup d’État-ci est utopique (puisque le lieu en est fictif), il n’en reste pas moins le miroir, non pas réel mais véridique, de cette menace là, au Chili ou ailleurs maintenant.
François Niney
Docteur en Philosophie et en Études cinématographiques, critique et documentariste
Ce film d’amateur muet mais commenté nous dit les journées dramatiques vécues par les rescapés d’un putsch dans une ambassade. Par l’inversion que provoque sa chute, ce court métrage reverse en quelque sorte la fiction révélée in fine au rang du documentaire vrai.
Par sa qualité de home-movie à vif, le film, à l’opposé de l’information « objective », nous a fait ressentir paradoxalement une certaine réalité intime de la peur, de l’arbitraire totalitaire, de l’exil et de la perte de tout (du familier, de l’espoir, du sens de la vie, de la vie même). Si l’angoisse et le malaise nous gagnent avec la conviction du document, ils perdurent quand le documentaire s’avère fiction. C’est que le drame a pris relief quasiment dans notre salon, et nous réalisons que si ce coup d’État-ci est utopique (puisque le lieu en est fictif), il n’en reste pas moins le miroir, non pas réel mais véridique, de cette menace là, au Chili ou ailleurs maintenant.
François Niney
Docteur en Philosophie et en Études cinématographiques, critique et documentariste