Il y a cinq siècles l’anatomiste André Vésale ouvrait pour la première fois le corps au regard de la science. _De Humani Corporis Fabrica_ ouvre aujourd’hui le corps au cinéma. On y découvre que la chair humaine est un paysage inouï qui n'existe que grâce aux regards et aux attentions des autres. Les hôpitaux, lieux de soin et de souffrance, sont des laboratoires qui relient tous les corps du monde…
Réalisateurs | Lucien Castaing-Taylor, Verena Paravel |
Acteur | Olivia Cooper Hadjian |
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Après avoir donné une vision secouante d’un bateau de pêche dans Léviathan, Véréna Paravel et Lucien Castaing-Taylor renouvellent la représentation de la médecine avec ce film tourné dans des hôpitaux à l’aide d’une caméra conçue pour l’occasion. Les vues de cet œil mécanique qui permet de regarder comme on touche sont agencées à l’imagerie utilisée par les médecins : les cinéastes organisent une circulation entre l’intérieur et l’extérieur des corps, un acte littéralement transgressif qui nous met face au déni qui régit généralement notre rapport à notre propre matérialité. Les vues intérieures, parfois énigmatiques, paraissent d’autant plus troublantes qu’elles sont banales pour les chirurgiens, dont les conversations badines contrastent avec l’enjeu des opérations qu’ils réalisent. En travaillant ces paradoxes, les cinéastes retissent un lien entre des réalités dont on tend à oublier l’interdépendance, et rappellent l’inscription de chaque individu dans un corps social.
Olivia Cooper-Hadjian
Membre du comité de sélection de Cinéma du réel,
Critique aux Cahiers du Cinéma
Après avoir donné une vision secouante d’un bateau de pêche dans Léviathan, Véréna Paravel et Lucien Castaing-Taylor renouvellent la représentation de la médecine avec ce film tourné dans des hôpitaux à l’aide d’une caméra conçue pour l’occasion. Les vues de cet œil mécanique qui permet de regarder comme on touche sont agencées à l’imagerie utilisée par les médecins : les cinéastes organisent une circulation entre l’intérieur et l’extérieur des corps, un acte littéralement transgressif qui nous met face au déni qui régit généralement notre rapport à notre propre matérialité. Les vues intérieures, parfois énigmatiques, paraissent d’autant plus troublantes qu’elles sont banales pour les chirurgiens, dont les conversations badines contrastent avec l’enjeu des opérations qu’ils réalisent. En travaillant ces paradoxes, les cinéastes retissent un lien entre des réalités dont on tend à oublier l’interdépendance, et rappellent l’inscription de chaque individu dans un corps social.
Olivia Cooper-Hadjian
Membre du comité de sélection de Cinéma du réel,
Critique aux Cahiers du Cinéma
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