Dotés de tous les attributs contemporains, de nombreux touristes se rendent de nos jours dans un camp de concentration en Allemagne. La caméra les regarde regarder, observe les rites de cette tribu confrontée à un lieu de mémoire ainsi qu’à la tragédie du 20e siècle européen.
Réalisateur | Sergueï Loznitsa |
Acteur | Olivia Cooper Hadjian |
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Des arbres dans le vent, des touristes qui circulent, puis une grille arborant la devise « Arbeit Macht Frei » : en retardant l’identification du lieu où Austerlitz est tourné, Sergueï Loznitsa souligne la façon dont il semble vécu par ceux qui viennent le visiter : comme un site dont l’horreur a été atténuée par le passage des décennies, que l’on arpente désormais avec nonchalance. La circularité de la structure du film nous alerte sur celle de l’histoire, ses oublis et ses terribles répétitions, à la suite de l’ouvrage de W.G. Sebald dont il reprend le titre. Les touristes pris dans les cadres fixes de Loznitsa forment un flux incessant, franchissant des seuils dans un sens puis un autre. Leur détachement semble aller de pair avec une nouvelle forme de déshumanisation, plus douce et plus sournoise que celle imposée par les nazis : le règne du capitalisme, qui pousse à « consommer » un camp de concentration comme une quelconque marchandise, pour en tirer une forme de satisfaction.
Olivia Cooper Hadjian
Membre du comité de sélection de Cinéma du réel,
Critique aux Cahiers du Cinéma
Des arbres dans le vent, des touristes qui circulent, puis une grille arborant la devise « Arbeit Macht Frei » : en retardant l’identification du lieu où Austerlitz est tourné, Sergueï Loznitsa souligne la façon dont il semble vécu par ceux qui viennent le visiter : comme un site dont l’horreur a été atténuée par le passage des décennies, que l’on arpente désormais avec nonchalance. La circularité de la structure du film nous alerte sur celle de l’histoire, ses oublis et ses terribles répétitions, à la suite de l’ouvrage de W.G. Sebald dont il reprend le titre. Les touristes pris dans les cadres fixes de Loznitsa forment un flux incessant, franchissant des seuils dans un sens puis un autre. Leur détachement semble aller de pair avec une nouvelle forme de déshumanisation, plus douce et plus sournoise que celle imposée par les nazis : le règne du capitalisme, qui pousse à « consommer » un camp de concentration comme une quelconque marchandise, pour en tirer une forme de satisfaction.
Olivia Cooper Hadjian
Membre du comité de sélection de Cinéma du réel,
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