Material est un montage de rushes et de scènes inédites des précédents films réalisés par Thomas Heise en RDA, sur une vingtaine d’années. Quasi sans commentaire, ces “restes” puissamment architecturés apparaissent comme autant de témoignages décisifs pour comprendre l’Allemagne actuelle. Le matériau du montage donne à penser la matière même de l’Histoire.
Réalisateur | Thomas Heise |
Acteur | Federico Rossin |
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Assemblage de matériaux à la manière de Heiner Müller : devant nous, défilent des ruines d'événements multiples que le temps a transformées en allégories indéchiffrables, des morceaux d'Histoire et des amas de fantômes, des syntagmes de temps sans connexion. Tout cela ne se définit que par sa coexistence dans une seule et même temporalité, celle du présent dynamique de notre vision s'essayant à un impossible remontage des fragments. Le travail du film s'ouvre alors à la possibilité d'une interprétation, mais seulement dans un horizon à venir qui la remet sans cesse en jeu, en modifiant toujours notre perspective, en variant le point de fuite comme le point de vue. L’herméneutique est ici constamment soumise à une vérification politique, car la forme de la pensée optique de Heise est celle d'un retour incessant sur la chose vue, pour mettre en crise ce qu'on filme et ce qui a été filmé. Non pas pour en attester la réalité, mais pour certifier que le réel, malgré nos efforts, s'échappe toujours.
Federico Rossin
Historien du cinéma, programmateur indépendant
Assemblage de matériaux à la manière de Heiner Müller : devant nous, défilent des ruines d'événements multiples que le temps a transformées en allégories indéchiffrables, des morceaux d'Histoire et des amas de fantômes, des syntagmes de temps sans connexion. Tout cela ne se définit que par sa coexistence dans une seule et même temporalité, celle du présent dynamique de notre vision s'essayant à un impossible remontage des fragments. Le travail du film s'ouvre alors à la possibilité d'une interprétation, mais seulement dans un horizon à venir qui la remet sans cesse en jeu, en modifiant toujours notre perspective, en variant le point de fuite comme le point de vue. L’herméneutique est ici constamment soumise à une vérification politique, car la forme de la pensée optique de Heise est celle d'un retour incessant sur la chose vue, pour mettre en crise ce qu'on filme et ce qui a été filmé. Non pas pour en attester la réalité, mais pour certifier que le réel, malgré nos efforts, s'échappe toujours.
Federico Rossin
Historien du cinéma, programmateur indépendant