Un jour, quelque part

1965 - Les frères Derkaoui quittent le Maroc indépendant. Communistes, ils choisissent d’étudier à Łódź, en Pologne. Amitiés internationales, luttes politiques, rêves de cinéma, et révélations artistiques, Un jour, quelque part témoigne de leur quotidien : des étudiants (dont Miguel Sobrado, sociologue-guérillero) débattent des mouvements de libération dans le klub varsovien Stodoła, tandis que Stanisław Tym met en scène des « partisans ». Questionnant le passage de la théorie à l’action politique et l’(im)puissance de l’art, cette « étude » est aussi un explosif manifeste de liberté formelle et politique, avec sa part d’improvisation, son montage heurté, le jazz du quintet Kurylewicz-Nahorny, et la photographie virevoltante d’Abdelkrim Derkaoui. Cette pièce manquante de l’histoire des cinémas décolonisés annonce De quelques événements sans signification, interdit en 1974.

Marie Pierre-Bouthier
Maîtresse de conférences à l'Université d'Amiens