JA

JA clôt une trilogie que Gaëlle Boucand a consacré à son grand-père, un entrepreneur aux noms et aux vies multiples, aujourd’hui retraité gérant ses actifs dans sa demeure en Suisse baptisée Rosebud. Dans JJA, elle mettait en place un dispositif presque carcéral pour l’entendre soliloquer sur ses affaires dans la solitude de sa fortune. Changement de décor réinvestissait cette maison en suivant ses interactions autoritaires avec les différentes personnes venues la rénover – seul encore, à force de combler le vide. Quand JA s’ouvre, il confie avoir repris son nom d’enfance, et la cinéaste lui propose un film qui raconterait sa vie et sa judéité, dissimulée par des changements de noms pendant la guerre, puis plus tard, pour « se fondre dans la masse ». Mais réitérant un épisode traumatique et fondateur, il la laisse bientôt continuer seule, avec un film à faire – mais une histoire enfin à partager.

Antoine Thirion
Programmateur, auteur et membre de la commission Image/mouvement du Cnap