On a eu la journée, bonsoir

« Putain. Ça oui. Je l’ai vraiment vécu ça. Ce titre. » On a connu un peu Michel Haas et on n’en revient toujours pas, d’à quel point il était ample et libre. D’à quel point sa vie était à la hauteur de l’estime qu’il avait de l’art et de l’humain. On pourrait écrire la même chose de Narimane Mari, ce film en témoigne. Chacun de ses plans aime et dit son exigence tout à la fois, embrasse et tape du poing. Habité par le pouls incessant de la réalisatrice, par sa douceur fracassante aussi, par les amis connus et inconnus, les lieux, les visages, c’est un chant d’amour, et le monde entier s’est joint au chœur. La mort, dans tout ça, grâce aux forces, au lierre, à la malice dans la voix des hommes, on la regarde de face, mais aussi un peu de haut. « Il y a toujours des petits nuages qui sont magnifiques. Tu devrais regarder les petits nuages, qui sont… Les trois petits nuages là-haut – ils sont vraiment.. mais il faut se dépêcher car il vont filer dans pas longtemps, ils sont en train de vouloir devenir autre chose ».

Charlène Dinhut
Programmatrice et commissaire d'exposition