Burden of Dreams

"Si je croyais au diable, je dirais qu’il était ici parmi nous et qu’il l’est encore."
Werner Herzog sait comme personne entretenir sa mythologie personnelle, en créer les conditions d’existence et en imprimer la légende. Le film de Les Blank y contribue superbement. Ou comment une équipe de cinéma européenne, dont les membres sont les nouveaux missionnaires d’une entreprise capitaliste et colonialiste, partie tourner des années durant dans les jungles de l’Amazonie, y éprouvera sa splendeur et ses misères, c’est à dire à la fois ce qu’elle était venue y chercher et plus qu’elle n’en pouvait réellement supporter – du moins pour faire un bon film. Fitzcarraldo, le film d’Herzog, est en effet plutôt raté. Burden of dreams, lui, s’il est passionnant, c’est parce qu’il est plus qu’un making of. Il s’avère être, avec Conquête de l’inutile*, le livre qu’Herzog considère comme "supérieur à mes films", la véritable raison d’être de cette folle aventure.

*"texte purement littéraire déguisé en journal de bord" du tournage de Fitzcarraldo, selon Werner Herzog (in Manuel de survie, entretien avec Hervé Aubron et Emmanuel Burdeau, éd. Capricci 2008).

Fabien David
Programmateur du cinéma Le Bourguet de Forcalquier