À l’hiver 2019, pour surmonter ma douleur paternelle, j’ai filmé l’hospitalisation contrainte de mon fils Nathan, au seuil de son incertaine entrée dans l’âge adulte. Dès les premières visites, et surtout à cause de leur caractère parfois hostile ou tout bonnement vide, j’ai pris le parti de filmer de petites séquences de trente secondes, parfois plus, parfois une minute, à l’aide de mon téléphone de poche. À la fois, je me désennuyais – quand Nathan dormait – et à la fois je me donnais une contenance – quand l’hostilité de ce dernier me poursuivait dans les couloirs ou, au contraire, me fuyait. Je ne filmais pas nécessairement Nathan, d’ailleurs, mais beaucoup son environnement. Et plus je regardais, plus je voyais s’inventer un monde.
Réalisateur | Philippe de Jonckheere |
Acteur | Olivia Cooper Hadjian |
Partager sur |
Au départ, Un café allongé à dormir debout construit un étrange personnage, dormant, marchant et silencieux, qui ne rend pas au filmeur le regard porté sur lui. Ceci pour mieux se contredire ensuite : Nathan est cela, mais aussi autre chose. La relation se raconte d’abord par la simple coprésence des corps, dont les souffles parfois se confondent ; autour de ce noyau irréductible, des mots s’échangent aussi parfois, des gestes, comme cette main qui fait irruption sur la nuque du jeune homme à la faveur d’une coupe, à la fois douce et intruse. Jamais explicatif, Philippe de Jonckheere ne fait pas de la condition de son fils un sujet, mais l’aborde comme une matière, au sens physique du terme. Sous le patronage de Fernand Deligny, dont il cite Le Moindre geste, il travaille la substance que produit leur relation, la confronte à des éléments exogènes, et donne forme à son émotion paternelle par le rythme des images et des sons.
Olivia Cooper Hadjian
Membre du comité de sélection de Cinéma du réel,
Critique aux Cahiers du Cinéma
Au départ, Un café allongé à dormir debout construit un étrange personnage, dormant, marchant et silencieux, qui ne rend pas au filmeur le regard porté sur lui. Ceci pour mieux se contredire ensuite : Nathan est cela, mais aussi autre chose. La relation se raconte d’abord par la simple coprésence des corps, dont les souffles parfois se confondent ; autour de ce noyau irréductible, des mots s’échangent aussi parfois, des gestes, comme cette main qui fait irruption sur la nuque du jeune homme à la faveur d’une coupe, à la fois douce et intruse. Jamais explicatif, Philippe de Jonckheere ne fait pas de la condition de son fils un sujet, mais l’aborde comme une matière, au sens physique du terme. Sous le patronage de Fernand Deligny, dont il cite Le Moindre geste, il travaille la substance que produit leur relation, la confronte à des éléments exogènes, et donne forme à son émotion paternelle par le rythme des images et des sons.
Olivia Cooper Hadjian
Membre du comité de sélection de Cinéma du réel,
Critique aux Cahiers du Cinéma
Français
Anglais
Français SME