Au lendemain de la manifestation du 11 janvier 2015, en réaction aux attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher, Libération titre en une « Nous sommes un peuple », et Alice Diop s'interroge sur cette foule très majoritairement blanche. À la manière de François Maspero dans son livre Les Passagers du Roissy-Express (Seuil, 1990), elle décide alors d'entreprendre un voyage au long cours en suivant la ligne B du RER, à la rencontre de tous ces « autres » qui ne figurent pas sur la photo. Le périple met en lumière un territoire contrasté. Esquissant un portrait choral de Franciliens saisis dans leur quotidien, la réalisatrice tisse ainsi librement le récit d'un « nous » possible. « S‘il y a bien des mondes qui vivent à la lisière les uns des autres, le film veut tisser un lien et un chemin entre ces îlots », dit-elle.
Réalisateur | Alice Diop |
Acteur | Olivier Barlet |
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Nous est à mille lieues du reportage et se rapproche de la peinture. Il est l’aboutissement d’un regard de cinéma qu’Alice Diop a aiguisé dans ses précédents films, qui n’est jamais fait de jugement. Sa quête est intime : elle cherche simplement à exister, affirmer son appartenance à la diversité qu'elle rencontre. Alice revendique ainsi d'être là : voix-off, dialogues, présence à l’écran. Cela fait de Nous un manifeste, non pas un refrain lénifiant sur le vivre ensemble mais un combat contre la fragmentation de la société et contre l’exclusion. Il ne s'agit pas de nier les différences, difficiles à surmonter. Chacun appartient à son huis-clos. C'est dès lors en reconnaissant la beauté des êtres qui peuplent les images que le « nous » est un devenir en construction. C’est dans cette exigence que ce film est politique. Pour écrire enfin une histoire commune, il revendique une place. Et c’est à cette condition qu’il peut proposer une relation.
Olivier Barlet
Critique de cinéma et rédacteur pour Africultures
Nous est à mille lieues du reportage et se rapproche de la peinture. Il est l’aboutissement d’un regard de cinéma qu’Alice Diop a aiguisé dans ses précédents films, qui n’est jamais fait de jugement. Sa quête est intime : elle cherche simplement à exister, affirmer son appartenance à la diversité qu'elle rencontre. Alice revendique ainsi d'être là : voix-off, dialogues, présence à l’écran. Cela fait de Nous un manifeste, non pas un refrain lénifiant sur le vivre ensemble mais un combat contre la fragmentation de la société et contre l’exclusion. Il ne s'agit pas de nier les différences, difficiles à surmonter. Chacun appartient à son huis-clos. C'est dès lors en reconnaissant la beauté des êtres qui peuplent les images que le « nous » est un devenir en construction. C’est dans cette exigence que ce film est politique. Pour écrire enfin une histoire commune, il revendique une place. Et c’est à cette condition qu’il peut proposer une relation.
Olivier Barlet
Critique de cinéma et rédacteur pour Africultures
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