Regarde, elle a les yeux grand ouverts

« Si la femme retrouve la puissance pour accoucher, alors elle va tout faire péter. » Regarde elle a les yeux grand ouverts débute par un accouchement et se clôt par un autre. Entre les deux, des avortements et le procès de celles qui les ont menées. Car ici, les avorteuses sont aussi des mères. Celles qui accouchent sont celles-là mêmes qui aident les femmes qui ne veulent pas d'un enfant. Des mains qui soutiennent, le regard de celles qui accompagnent… qu'il s'agissent d'un avortement ou d'un accouchement, Yann Le Masson filme avec la même douceur les corps, les visages. À chaque fois, il s'agit d'une histoire aussi intime que collective. Et c'est ce que reflète la fabrication du film qui s'est étalée pendant près de 5 ans, un film voulu par celles qui y figurent. Ces femmes écrivent leur histoire, elles osent s'emparer du miroir pour regarder leur propre vulve, être actrices de leur vie. Elles nous parlent de lutte, d'émancipation, d'autonomie par la réappropriation de leur corps. Rarement, le propos d'un film n'a été aussi proche de la forme choisie. Un film dont la beauté et la poésie n'ont d'égal que sa force politique.

Éva Tourrent
Responsable artistique de Tënk