Chaque année, le cimetière-mémorial de Wahala / Chra (Togo) qui honore la mémoire des soldats tombés ici en août 1914, accueille la cérémonie du 11 novembre. Jour férié en France, cette date marque l'armistice de la Première Guerre mondiale en 1918. En effet, la première capitulation allemande de la « Grande Guerre » s'est produite sur le sol de la « colonie modèle » du Reich, fin août 1914, après la bataille de Chra. Elle signait de fait la fin du « Togoland » allemand. Mais l'histoire de Wahala ainsi que son nom renvoient à un passé autrement douloureux. Wahala / Chra : un lieu où les voix des anciens résonnent avec les images du présent.
Réalisateur | Jürgen Ellinghaus |
Acteur | Olivier Barlet |
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Rares sont les films allemands sur leurs anciennes colonies. Jürgen Ellinghaus poursuit à cet égard un salutaire travail de mémoire, d'autant qu'il les projette sur place aux populations qu'il a filmées. Il en a d'ailleurs fait un film : Togoland - projections. Mais ici, il évoque cette « colonie modèle » devenue « colonie de redressement », où étaient exilés les récalcitrants à l'ordre colonial. Leurs récits évoquent les souffrances de la déportation. La cérémonie annuelle du 11 novembre, filmée dans les détails de son édifiant mécanisme, en devient dérisoire. Son étrangeté hallucine, tant le fossé entre les officiels et le peuple est abyssal. La banderole « Ici c'est Faure » rappelle la mainmise politique de Faure Gnassingbé, fils de Gnassingbé Eyadema qui présida d'une main de fer le pays de 1967 à 2005. Une dynastie de six décennies qui poursuit l'ordre colonial. Rien n'est dit mais on a tout compris.
Olivier Barlet
Critique de cinéma et rédacteur pour Africultures
Rares sont les films allemands sur leurs anciennes colonies. Jürgen Ellinghaus poursuit à cet égard un salutaire travail de mémoire, d'autant qu'il les projette sur place aux populations qu'il a filmées. Il en a d'ailleurs fait un film : Togoland - projections. Mais ici, il évoque cette « colonie modèle » devenue « colonie de redressement », où étaient exilés les récalcitrants à l'ordre colonial. Leurs récits évoquent les souffrances de la déportation. La cérémonie annuelle du 11 novembre, filmée dans les détails de son édifiant mécanisme, en devient dérisoire. Son étrangeté hallucine, tant le fossé entre les officiels et le peuple est abyssal. La banderole « Ici c'est Faure » rappelle la mainmise politique de Faure Gnassingbé, fils de Gnassingbé Eyadema qui présida d'une main de fer le pays de 1967 à 2005. Une dynastie de six décennies qui poursuit l'ordre colonial. Rien n'est dit mais on a tout compris.
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