Un écran noir. Quatre voix s’élèvent. Deux hommes disent et répètent à deux autres qu’ils sont « les bienvenus » dans la région. Petit à petit, la situation s’éclaircit : le réalisateur Zhu Rikun est en tournage dans le Sichuan. Il s’intéresse aux maladies pulmonaires dont sont victimes les ouvriers de la région, problème sanitaire déjà évoqué dans son film _Dust_ et que l’État chinois cherche à étouffer. Le voici donc convié à une petite entrevue avec les autorités locales, dont l’enregistrement audio est ici restitué in extenso. Un document brut qui met à nu les méthodes du pouvoir : les insistances des censeurs, leurs changements de stratégie successifs, de la menace mielleuse à une demande expresse que les images soient détruites qui ne rend que plus brûlant le désir de témoigner.
Réalisateur | Zhu Rikun |
Acteur | Comptoir du Doc |
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En repérage dans la ville chinoise de Muchuan, le réalisateur Zhu Rikun se fait interpeller par le Bureau de la stabilité sociale du comité des affaires politiques. S’ensuit un échange aussi insensé qu’oppressant que renforce un double huis clos. Celui du bureau dans lequel se déroule l'interrogatoire, d'abord, où les autorités exigent les images du cinéaste. Celui de l'écran noir, ensuite, puisque Zhu Rikun n'enregistre que le son. Si l'effet caméra cachée rend d'emblée le spectateur complice du réalisateur, le priver d’images le place dans une situation encore plus anxiogène. Mais puisqu'au filmeur, on efface les images, au spectateur – littéralement à celui qui observe – on ne montrera rien. Et c'est bien là que Zhu Rikun s'amuse, prouvant, comme un ultime pied de nez aux autorités, l'inaltérable puissance insurrectionnelle du cinéma : un film sans images qui n’en demeure pas moins une véritable diatribe cinématographique.
Élodie Gabillard
Made in China - Comptoir du Doc
En repérage dans la ville chinoise de Muchuan, le réalisateur Zhu Rikun se fait interpeller par le Bureau de la stabilité sociale du comité des affaires politiques. S’ensuit un échange aussi insensé qu’oppressant que renforce un double huis clos. Celui du bureau dans lequel se déroule l'interrogatoire, d'abord, où les autorités exigent les images du cinéaste. Celui de l'écran noir, ensuite, puisque Zhu Rikun n'enregistre que le son. Si l'effet caméra cachée rend d'emblée le spectateur complice du réalisateur, le priver d’images le place dans une situation encore plus anxiogène. Mais puisqu'au filmeur, on efface les images, au spectateur – littéralement à celui qui observe – on ne montrera rien. Et c'est bien là que Zhu Rikun s'amuse, prouvant, comme un ultime pied de nez aux autorités, l'inaltérable puissance insurrectionnelle du cinéma : un film sans images qui n’en demeure pas moins une véritable diatribe cinématographique.
Élodie Gabillard
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