Sauvage

Au regard des premières images nous pouvons penser que le film veut convoquer le mythe du « bon sauvage » et célébrer une nature intacte où s'ébattent des chevaux en liberté. Progressivement, l'apparition de l'humain déjoue la contemplation et documente une antique fête de village. Le traitement peu spectaculaire du son, comme en retrait, instaure un trouble latent qui interroge l'objet de cette tradition qui semble se clore sur une puissante image de chevaux rassemblés. Ce fascinant entassement pictural n'est que le moment de bascule d'un simulacre où apparaissent caméras et appareils photographiques et où le rituel développe un cruel processus coercitif. Le film, sans paroles, titrages ou indications précises, laisse au spectateur toute latitude, entre fascination et écœurement, face au rituel ancestral et sa déclinaison contemporaine.

François Waledisch
Ingénieur du son