"J'ai passé, à Vincennes, tout un automne et la moitié d'un hiver à écouter Raymonde Baurès me décrire son enfance dans les premiers HLM parisiens, la guerre et l'exil, l'usine et son engagement communiste. Raymonde est morte. Je voudrais lui rendre hommage en racontant, à mon tour, notre histoire." (Mehdi Benallal)
Réalisateur | Mehdi Benallal |
Acteur | Olivia Cooper Hadjian |
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Le texte délicat et concis qui rythme "Madame Baurès" est marqué par un passage de la troisième personne à la première. Ce glissement frappe le film du sceau de la perte : le temps passant, nous perdons les précédentes versions de nous-mêmes, avant de nous évanouir tout à fait. Le récit du narrateur en englobe un autre, celui de la femme qui lui raconta son existence de travailleuse et militante, et mourut avant qu’il ne parvienne à la filmer. Mais Mehdi Benallal sait aussi laisser place au silence pour faire résonner les paroles comme une onde dans des paysages urbains parcourus de silhouettes, mais dépourvus de personnages. À l’image manquante de son amie se substitue d’autres figures, inertes : celles de statues anachroniques célébrant l’homme nouveau imaginé par le communisme. Lorsque Raymonde Baurès est partie, c’est tout un monde, semble-t-il, qu’elle a emporté avec elle.
Olivia Cooper Hadjian
Membre du comité de sélection de Cinéma du réel,
Critique aux Cahiers du Cinéma
Le texte délicat et concis qui rythme "Madame Baurès" est marqué par un passage de la troisième personne à la première. Ce glissement frappe le film du sceau de la perte : le temps passant, nous perdons les précédentes versions de nous-mêmes, avant de nous évanouir tout à fait. Le récit du narrateur en englobe un autre, celui de la femme qui lui raconta son existence de travailleuse et militante, et mourut avant qu’il ne parvienne à la filmer. Mais Mehdi Benallal sait aussi laisser place au silence pour faire résonner les paroles comme une onde dans des paysages urbains parcourus de silhouettes, mais dépourvus de personnages. À l’image manquante de son amie se substitue d’autres figures, inertes : celles de statues anachroniques célébrant l’homme nouveau imaginé par le communisme. Lorsque Raymonde Baurès est partie, c’est tout un monde, semble-t-il, qu’elle a emporté avec elle.
Olivia Cooper Hadjian
Membre du comité de sélection de Cinéma du réel,
Critique aux Cahiers du Cinéma
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