Quatre films, quatre histoires d'histoire de France et de famille. Une Escale en partenariat avec Les Rendez-vous de l'histoire de Blois.
La 28e édition des Rendez-vous de l’histoire a choisi comme thème cette année « La France ? ». Pour l’escale thématique que la plateforme Tënk a proposée au festival, ce sont quatre récits documentaires singuliers, comme autant de fragments d’histoire de France, qui ont été choisis. Le fil narratif commun à ces quatre histoires est la famille, cellule fondamentale qui confère et transmet l’identité, et les entrelacs de la mémoire d’événements qui l’ont marquée, de façon dramatique ou heureuse. Les traces laissées par les guerres franco-allemandes, les mutations du travail industriel, les défis de l’intégration de l’immigration postcoloniale constituent les cadres de ces histoires.
Dans Trois soldats allemands François Caillat part d’une recherche sur un soldat allemand inconnu tombé en 1944 dans la Lorraine annexée, pour entrecroiser les destinées quasi romanesques de familles devenues allemandes ou restées françaises dans les aléas tragiques des guerres franco-allemandes. En écho, dans 8 Sekunden, la famille Vinclair plonge dans le passé occulté d’un parent, exécuté en 1944 par les Nazis pour acte de résistance… Ou comment faire acte de transmission en dénouant les secrets de famille. La jeune réalisatrice Sarah Bellanger s’attache de son côté, dans C’est comme ça, à la disparition d’un passé, celui d’une usine textile où sa grand-mère était ouvrière. Et ce sont les gestes et les mots du travail qu’elle réussit à reconstituer avec une infinie douceur. Quant à Bouchera Azzouz, c’est le passé douloureux d’interdits et de rejets que ces jeunes femmes qu’on appelait « beurettes », ont dû traverser pour s’intégrer à la société française.
La variété des procédés narratifs qui s’affiche dans ces quatre documentaires permet de rendre captivants ces récits de famille comme avec cette enquête en forme de road-movie que la famille Vinclair entreprend en Allemagne ou l’errance de François Caillat dans les cimetières de Lorraine. Mais ces histoires doivent aussi à l’art de mettre en valeur la parole des gens filmés. Que ce soit chez Bouchera Azzouz ou chez Sarah Bellanger, on retrouve cet art d’écouter et de capter l’intensité des regards, des gestes, des sourires et de donner ainsi à percevoir la richesse d’une vie ou les épreuves traversées.
Le recours aux archives filmées, qu’elles soient privées ou médiatiques, mais aussi aux photographies, tissent pour ces histoires de famille un contrepoint visuel qui rend présent ce passé. C’est ce que réussissent On nous appelait Beurettes, 8 Sekunden, et Trois soldats allemands. Mais dans ce dernier film, François Caillat va au-delà, et se transforme en peintre visionnaire, filmant de façon quasi hypnotique les forêts, les grands prés où tombèrent tant d’hommes, et recréant par les sons de la nature ou des combats, le souffle de l’histoire qui revient hanter nos mémoires.
Deux de ces documentaires ont été primés dans le cadre du Prix du Projet documentaire historique du festival : C’est comme ça par le Grand Prix en 2023 et On nous appelait beurettes par une Mention spéciale en 2018. Trois soldats allemands et 8 Sekunden sont au programme de l’édition 2025 des Rendez-vous de l’histoire.
Jean-Marie Génard
Programmateur du cycle cinéma des Rendez-vous de l’histoire
4 documentaires
« Lorsqu'en 2005, l'inscription "Raymond Vinclair" fut dévoilée sur une place qui devait porter son nom, une énigme se posa. Pourquoi n'avais-je jamais entendu parler de ce frère de mon grand-père, mort en martyr en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale ? Quelques années plus tard, marié à une Allemande et père de famille, la figure de Raymond réapparaît, et avec elle, le spectre d'un pa...
À partir d'un fait divers – l'exhumation, dans un jardin, d'un cadavre de soldat inconnu – ce film révèle une histoire complexe et mouvementée qui s'est déroulée en Lorraine pendant cent ans. On y croise des destins confus, des morts violentes et des exils. On entend parler de familles déchirées, de frontières indécises et de patries changeantes. On découvre le tourbillon du 20e siècle dans le...
« Derrière ma caméra, je mets en scène Marie-Jo, ma grand-mère. Autrefois ouvrière du textile, elle rejoue son premier jour à l’usine : la découverte des chronométreurs, le travail à la chaîne, la pression de la productivité. Aujourd’hui, l’usine a été démolie et a emporté dans sa destruction tous les écrits et les photographies des ouvrières. Avec le temps, l’histoire de Marie-Jo est devenue u...
_On nous appelait Beurettes_ est un portrait de la première génération de femmes d’origine maghrébine nées en France après la guerre d’Algérie. À travers les témoignages de Mina, de Aourdia, de Dalila et celui de la réalisatrice elle-même, le film retrace l’histoire méconnue de ces femmes qui ont été les premières à affronter la question de la double identité, et, comme femmes, à trouver les ch...
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