Octobre 2014. Ce que personne n'avait rêvé se produit. Les Burkinabé·es débarquent pacifiquement celui qui se voyait président à vie, Blaise Compaoré. Le rappeur Serge Bambara, dit Smokey, était parmi les insurgé·es. Il est aujourd'hui considéré comme l'un des artisans de ce changement politique. "On a le temps pour nous" nous plonge dans le quotidien du rappeur iconique.
Réalisateur | Katy Léna Ndiaye |
Acteur | Olivier Barlet |
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"On a le temps pour nous". Ce titre d'un morceau de Didier Awadi rappelle la certitude qu'il n'y a pas de combat perdu, que toute tentative construit le futur. La caméra cadre Smokey de près : elle s'attache à l'homme, au militant, ses interrogations, ses réflexions, ses engagements. Il ne dort plus. Il est porté par l'insurrection, "esclave d'une cause" (Frantz Fanon). Il est conscient de sa responsabilité : leader d'opinion, preneur de risques mais pas pour envoyer les jeunes à l'abattoir. En cinéaste, Katy Léna Ndiaye sait que le contrepoint est plus fort que la réalité. Elle prend du recul sur les manifestations, introduit des silences, des montages parallèles, des résonances avec ce que dit Smokey. Elle s'efface ainsi devant sa parole, lui qui se fait tribun, non pour prendre le pouvoir mais pour que le peuple le prenne. Car au fond, Smokey est une crise en chair et en os. Il fait penser, il met le regard en crise, dans un film qui sans cesse offre des ruptures dans la bande-son comme dans l'image. Ses arguments ne sont pas des vérités mais des constatations ou des espoirs. Il mobilise le besoin d'y voir plus clair, de réagir. Le film aussi. C'est là sa cohérence, sa pertinence, sa beauté.
Olivier Barlet
Critique de cinéma et rédacteur pour Africultures
"On a le temps pour nous". Ce titre d'un morceau de Didier Awadi rappelle la certitude qu'il n'y a pas de combat perdu, que toute tentative construit le futur. La caméra cadre Smokey de près : elle s'attache à l'homme, au militant, ses interrogations, ses réflexions, ses engagements. Il ne dort plus. Il est porté par l'insurrection, "esclave d'une cause" (Frantz Fanon). Il est conscient de sa responsabilité : leader d'opinion, preneur de risques mais pas pour envoyer les jeunes à l'abattoir. En cinéaste, Katy Léna Ndiaye sait que le contrepoint est plus fort que la réalité. Elle prend du recul sur les manifestations, introduit des silences, des montages parallèles, des résonances avec ce que dit Smokey. Elle s'efface ainsi devant sa parole, lui qui se fait tribun, non pour prendre le pouvoir mais pour que le peuple le prenne. Car au fond, Smokey est une crise en chair et en os. Il fait penser, il met le regard en crise, dans un film qui sans cesse offre des ruptures dans la bande-son comme dans l'image. Ses arguments ne sont pas des vérités mais des constatations ou des espoirs. Il mobilise le besoin d'y voir plus clair, de réagir. Le film aussi. C'est là sa cohérence, sa pertinence, sa beauté.
Olivier Barlet
Critique de cinéma et rédacteur pour Africultures
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