Thierno, un cinéaste qui « perd son temps », parcourt la Guinée à la recherche de _Mouramani_, le premier film tourné par un noir d’Afrique francophone, Mamadou Touré, en 1953. Dans cette quête, il découvre ce que sont devenus les cinéastes, les pellicules, les salles de projection de ce pays qui fut pionnier du cinéma sur le continent africain.
Réalisateur | Thierno Souleymane Diallo |
Acteur | Olivier Barlet |
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Thierno va pieds nus car c'est la situation du cinéma guinéen. Il est en quête d'une origine sur laquelle s'appuyer : le premier film guinéen avait-il été fondateur ? Il filme lui-même mais est surtout filmé en train de le faire. On le voit attentif aux friches, aux restes, aux ambiances, aux témoins, aux personnes à la campagne comme en ville, avec une évidente empathie. Mais le délabrement qu'il constate ne donne pas un film désespéré, car Thierno ose, à partir de rien, avec ses interlocuteurs, improviser du cinéma. Cette approche culottée rend ce film passionnant. Les artifices sont visibles, le film est en train de se faire sous nos yeux. Cette structure composite, ces entrées multiples, participent d'une pensée nouvelle du documentaire où chaque scène devient événement, mise en scène pour interroger le présent. Si bien que l'objet de recherche est de plus en plus un objet vivant. De la quête de l'impossible, il fait une épopée. Dès lors, ultime supercherie mais aussi manifeste d'espérance, il peut reconstituer avec une caméra en carton ce que les affres de l'Histoire ont détruit à jamais.
Olivier Barlet
Critique de cinéma et rédacteur pour Africultures
Thierno va pieds nus car c'est la situation du cinéma guinéen. Il est en quête d'une origine sur laquelle s'appuyer : le premier film guinéen avait-il été fondateur ? Il filme lui-même mais est surtout filmé en train de le faire. On le voit attentif aux friches, aux restes, aux ambiances, aux témoins, aux personnes à la campagne comme en ville, avec une évidente empathie. Mais le délabrement qu'il constate ne donne pas un film désespéré, car Thierno ose, à partir de rien, avec ses interlocuteurs, improviser du cinéma. Cette approche culottée rend ce film passionnant. Les artifices sont visibles, le film est en train de se faire sous nos yeux. Cette structure composite, ces entrées multiples, participent d'une pensée nouvelle du documentaire où chaque scène devient événement, mise en scène pour interroger le présent. Si bien que l'objet de recherche est de plus en plus un objet vivant. De la quête de l'impossible, il fait une épopée. Dès lors, ultime supercherie mais aussi manifeste d'espérance, il peut reconstituer avec une caméra en carton ce que les affres de l'Histoire ont détruit à jamais.
Olivier Barlet
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