"Il y a tant d’images dans le monde, qu’on croit avoir tout vu. Tout pensé. Depuis des années, je cherche une image qui manque. Une photographie prise entre 1975 et 1979 par les Khmers rouges, quand ils dirigeaient le Cambodge. À elle seule, bien sûr, une image ne prouve pas le crime de masse, mais elle donne à penser, à méditer. À bâtir l’histoire. Je l’ai cherchée en vain dans les archives, dans les papiers, dans les campagnes de mon pays. Maintenant je sais : cette image doit manquer et je ne la cherchais pas – ne serait-elle pas obscène et sans signification ? Alors je la fabrique. Ce que je vous donne aujourd’hui n’est pas une image, ou la quête d’une seule image, mais l’image d’une quête : celle que permet le cinéma. Certaines images doivent manquer toujours, toujours."
Réalisateur | Rithy Panh |
Acteur | Jean-Marie Barbe |
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Dans l’œuvre de Rithy Panh, chaque film est l’occasion d’une nouvelle étape esthétique et mentale, d’un retour à la vie. Ainsi, faire un film sur le passé quand il n’y a pas d’images justes, mais seulement des images de propagande Khmer Rouge, ne résout pas la question de l'auteur : comment figurer le tragique en l’absence d’images, lui qui avec le temps et au fil des films est enfin prêt à représenter sa propre histoire.
C’est à ce défi précis, à cet endroit même, que la grande idée de ce film explose : l’introduction et le filmage de figurines de terre peintes, sobres et puissantes. On pourrait croire à une énième technique d’animation, mais non ! Ces figurines d’apparence enfantine sont statiques, et une subtile composition sonore basée sur une voix off les anime. C’est le récit sonore documentaire qui leur donne vie et mouvement. Les images manquantes sont par essence le lieu où le cinéma invente le réel, ce film est probablement l’une des plus puissantes représentations de l’irreprésentable.
Jean-Marie Barbe
Producteur, co-fondateur des États généraux du film documentaire de Lussas
Dans l’œuvre de Rithy Panh, chaque film est l’occasion d’une nouvelle étape esthétique et mentale, d’un retour à la vie. Ainsi, faire un film sur le passé quand il n’y a pas d’images justes, mais seulement des images de propagande Khmer Rouge, ne résout pas la question de l'auteur : comment figurer le tragique en l’absence d’images, lui qui avec le temps et au fil des films est enfin prêt à représenter sa propre histoire.
C’est à ce défi précis, à cet endroit même, que la grande idée de ce film explose : l’introduction et le filmage de figurines de terre peintes, sobres et puissantes. On pourrait croire à une énième technique d’animation, mais non ! Ces figurines d’apparence enfantine sont statiques, et une subtile composition sonore basée sur une voix off les anime. C’est le récit sonore documentaire qui leur donne vie et mouvement. Les images manquantes sont par essence le lieu où le cinéma invente le réel, ce film est probablement l’une des plus puissantes représentations de l’irreprésentable.
Jean-Marie Barbe
Producteur, co-fondateur des États généraux du film documentaire de Lussas
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