L’Amérique insolite

François Reichenbach brosse un tableau des États-Unis à la fin des années cinquante, quelque part entre les Mythologies de Roland Barthes et L'Amérique de Baudrillard. D'une séquence à l'autre, on traverse la modernité à travers ses signes (rodéos, fêtes foraines peuplées de « roues de fer [qui] en d'autres temps auraient été des instruments de torture », teenagers, campus universitaires et diners) éprouvés par les mythes fondateurs du pays, l'idéologie de la conquête et the pursuit of happiness – droit inaliénable des citoyen·nes. Le montage de ces fragments vient donner le sens d'une époque, où le behaviorisme sert davantage la publicité que la science, et le capitalisme s'impose comme nouvelle religion. Mais l'observateur étranger ne pose pas seulement sur ce pays un regard distant et amusé, et au terme de son voyage prévient qu' « il serait trop simple d'enfermer l'Amérique dans son étrangeté. Ce mode de vie (…) c'est peut-être celui de toute l'Europe dans vingt ans, et si ce doit être le nôtre, peut-être valait-il la peine de le bien considérer. »

Chloé Vurpillot
Chargée de programmation de Tënk