Une plongée audiovisuelle dans l'utopie des villes nucléaires ukrainiennes. _Atomgrad_ est constitué de chroniques télévisées et cinématographiques des années 1970-86, filmées dans six villes nucléaires ukrainiennes. La construction de ces villes, satellites des centrales nucléaires, s'est accompagnée de la recréation des images utopiques de Lénine et d'un battage publicitaire autour de la conquête d'une puissance "éternelle". Les villes nucléaires incarnaient les principales ambitions idéologiques, urbanistiques, écologiques et scientifiques. Alors que l'URSS traversait une crise sociale et idéologique, elles étaient les réserves de l'utopie soviétique.
Réalisateurs | Oleksandr Teliuk, Stanislav Menzelevskyi, Anna Onufriienko |
Acteur | Arnaud Hée |
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Ces cinéastes-cinéphiles travaillant ou ayant travaillé au Centre national Dovzhenko à Kyiv reprennent le principe de Dziga Vertov dans L'Homme à la caméra – une production ukrainienne, ce qui est parfois oublié – en créant Atomgrad ("la ville de l'atome") à partir de vues de plusieurs localités, dont Pripyat près de Tchornobyl ou Enerhodar à côté de Zaporijjia. Ils fondent ainsi une ville générique, un non-lieu, l'utopie du sous-titre. Avec un art de la dérision – jeu sur la voix-off, avec la musique – qui ne tombe jamais dans le potache, le film déconstruit une propagande soviétique qui ne jure que par le progrès, l'harmonie et le caractère pacifique de l'énergie atomique. Non : l'usage pacifique du nucléaire est indissociable de ses usages militaires, ce sont les deux faces d'une même pièce. Et ces villes qui promettaient des lendemains radieux s'invitent depuis un an dans l'actualité comme des cibles militaires, des moyens de terreur.
Arnaud Hée
Programmateur, enseignant et critique
Ces cinéastes-cinéphiles travaillant ou ayant travaillé au Centre national Dovzhenko à Kyiv reprennent le principe de Dziga Vertov dans L'Homme à la caméra – une production ukrainienne, ce qui est parfois oublié – en créant Atomgrad ("la ville de l'atome") à partir de vues de plusieurs localités, dont Pripyat près de Tchornobyl ou Enerhodar à côté de Zaporijjia. Ils fondent ainsi une ville générique, un non-lieu, l'utopie du sous-titre. Avec un art de la dérision – jeu sur la voix-off, avec la musique – qui ne tombe jamais dans le potache, le film déconstruit une propagande soviétique qui ne jure que par le progrès, l'harmonie et le caractère pacifique de l'énergie atomique. Non : l'usage pacifique du nucléaire est indissociable de ses usages militaires, ce sont les deux faces d'une même pièce. Et ces villes qui promettaient des lendemains radieux s'invitent depuis un an dans l'actualité comme des cibles militaires, des moyens de terreur.
Arnaud Hée
Programmateur, enseignant et critique
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