En 1992, un peu plus d'un an après la proclamation d'indépendance de la Géorgie vis-à-vis de l'Union soviétique, débute la guerre d'Abkhazie. Ce conflit pousse à la fuite plus de 200 000 personnes et amène plusieurs milliers d'entre elles à trouver refuge à Tskaltubo. Dans cette ancienne station thermale de l'ère soviétique, ces réfugié·es s'installent dans des sanatoriums de luxe désormais abandonnés. Trente ans plus tard, l’hôtel Metalurg s’est vidé de ses hommes au fil des ans, mais il est toujours occupé par une communauté de femmes et leurs enfants. Alors que Khatuna, Dali, Tamar, Lika, Liana et les autres survivent parmi les ruines du passé soviétique et vivent avec l’espoir – de plus en plus ténu – de retourner un jour en Abkhazie, la mise en vente de l'hôtel bouscule leur vie.
Réalisateurs | George Varsimashvili, Jeanne Nouchi |
Acteur | Caroline Châtelet |
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Le film débute par des plans de détail d'un lustre. Un objet sacrément métonymique, ce majestueux luminaire ornant le hall d'entrée de Metalurg renvoyant au lustre d'antan de l'hôtel. En filmant le quotidien des femmes et enfants y vivant, les cinéastes captent avec sensibilité la complexité de ces vies prises dans un exil sans fin. Tandis que se met en place le relogement dans des lieux salubres, affleurent, lancinantes, des réflexions et questions : celle du retour en Abkhazie ; celle de la permanence d'une politique russe d'invasion vis-à-vis des pays de l'ex-URSS – et sa réactualisation avec la guerre en Ukraine – ; la peur d'un nouveau déracinement et de la fin de cette vie communautaire ; le racisme subi (dans son propre pays) ; l'espoir d'un futur meilleur (incarné par la nouvelle génération). Dans un film scandé par les départs et, comme par ironie, les séances photos des marié·es défilant dans le somptueux hall pour immortaliser leur union, se dessine, avec sobriété et pudeur, la trajectoire vers un autre recommencement.
Caroline Châtelet
journaliste, critique dramatique
Le film débute par des plans de détail d'un lustre. Un objet sacrément métonymique, ce majestueux luminaire ornant le hall d'entrée de Metalurg renvoyant au lustre d'antan de l'hôtel. En filmant le quotidien des femmes et enfants y vivant, les cinéastes captent avec sensibilité la complexité de ces vies prises dans un exil sans fin. Tandis que se met en place le relogement dans des lieux salubres, affleurent, lancinantes, des réflexions et questions : celle du retour en Abkhazie ; celle de la permanence d'une politique russe d'invasion vis-à-vis des pays de l'ex-URSS – et sa réactualisation avec la guerre en Ukraine – ; la peur d'un nouveau déracinement et de la fin de cette vie communautaire ; le racisme subi (dans son propre pays) ; l'espoir d'un futur meilleur (incarné par la nouvelle génération). Dans un film scandé par les départs et, comme par ironie, les séances photos des marié·es défilant dans le somptueux hall pour immortaliser leur union, se dessine, avec sobriété et pudeur, la trajectoire vers un autre recommencement.
Caroline Châtelet
journaliste, critique dramatique
Français
Anglais