D'ailleurs, Derrida met en scène les mots de Derrida dans quatre pays : l’Algérie, l’Espagne, la France et les États-Unis. La philosophie en train de se faire. Nous sommes les compagnons d’un penseur qui nous reçoit dans son univers, nous ouvre les portes de sa pensée et, bien intimement, nous parle de l’écriture, du pardon, de l’hospitalité, de la responsabilité, de la femme, de la communauté. Il nous parle aussi de sa mère et de son pays natal, l’Algérie, toujours de la même manière, entre l’affect et le concept, à la frontière où l’œuvre touche la biographie et où la biographie a donné naissance à l’œuvre.
Réalisateur | Safaa Fathy |
Acteur | Fabien David |
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Les incursions et contributions de Jacques Derrida au cinéma sont relativement rares. Pour ce qui est des films : Ghost Dance de Ken McMullen (1982), Derrida de Kirby Dick et Amy Ziering Kofman (2002), et D’ailleurs, Derrida, de Safaa Fathy, tourné entre 1998 et 1999. Parler depuis le cinéma (pour reprendre une expression de Claude Lanzmann), lui est resté jusqu’au bout, sur la forme et sur le fond, étranger. Autrement dit : un ailleurs. Et ce n’est donc que de plus ou moins bonne grâce qu’il se prête ici au jeu de la mise en scène. De ces résistances, il a témoigné dans un texte*. Et Safaa Fathy en a conservé quelques traces dans le corps même du film. La silhouette spectrale de Derrida, le regard de sphinx qu’il adresse parfois à la caméra semblent être, en effet, une réaction au défi que Safaa Fathy lui lance : accorder sa présence, sa pensée, sa parole aux enjeux, aux exigences d’un tournage et, en l’occurrence, au parti pris de la cinéaste d’inscrire présence, pensée et parole dans les images (d’archives notamment) et les paysages de son histoire personnelle.
Fabien David
Programmateur du cinéma Le Bourguet de Forcalquier
* Lettres sur un aveugle, inclus dans le livre Tourner les mots, Au bord d‘un film de Jacques Derrida et Safaa Fathy (éditions Galilée / Arte, 2000)
Les incursions et contributions de Jacques Derrida au cinéma sont relativement rares. Pour ce qui est des films : Ghost Dance de Ken McMullen (1982), Derrida de Kirby Dick et Amy Ziering Kofman (2002), et D’ailleurs, Derrida, de Safaa Fathy, tourné entre 1998 et 1999. Parler depuis le cinéma (pour reprendre une expression de Claude Lanzmann), lui est resté jusqu’au bout, sur la forme et sur le fond, étranger. Autrement dit : un ailleurs. Et ce n’est donc que de plus ou moins bonne grâce qu’il se prête ici au jeu de la mise en scène. De ces résistances, il a témoigné dans un texte*. Et Safaa Fathy en a conservé quelques traces dans le corps même du film. La silhouette spectrale de Derrida, le regard de sphinx qu’il adresse parfois à la caméra semblent être, en effet, une réaction au défi que Safaa Fathy lui lance : accorder sa présence, sa pensée, sa parole aux enjeux, aux exigences d’un tournage et, en l’occurrence, au parti pris de la cinéaste d’inscrire présence, pensée et parole dans les images (d’archives notamment) et les paysages de son histoire personnelle.
Fabien David
Programmateur du cinéma Le Bourguet de Forcalquier
* Lettres sur un aveugle, inclus dans le livre Tourner les mots, Au bord d‘un film de Jacques Derrida et Safaa Fathy (éditions Galilée / Arte, 2000)
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