Juntas

D’emblée, Juntas nous immerge dans des sensations, dans des souvenirs dont la source est incertaine. Il faut attendre la moitié du récit pour qu’un plan s’attarde sur les visages des deux protagonistes, justement au moment où elles commentent un article de presse qui leur est consacré : les cinéastes réservent toute approche factuelle au journalisme, tandis qu’elles abordent l’expérience du réel comme une construction et une aventure, aidées d’une dissociation récurrente entre image et son. En faisant retour dans le pays qu’elles ont quitté, Norma et Cachita cherchent-elles à réconcilier leur présent et leur passé ? Davantage qu’aux questions sociétales auxquelles renvoie le couple, le film restitue les sensations qui définissent le cours d’une vie : les couleurs d’un paysage, la texture du poil d’un animal, le rythme d’une danse traditionnelle, et ces reflets troublants à la surface de l’eau.

Olivia Cooper Hadjian
Membre du comité de sélection de Cinéma du réel,
Critique aux Cahiers du Cinéma