_In Flow of Words_ suit les parcours de trois interprètes du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie. Ils ont traduit les témoignages choquants de témoins, de victimes et d’accusés, sans jamais laisser interférer leurs émotions, leurs sentiments et leur histoire personnelle. Contrairement au rôle qu’ils ont au tribunal, ce film replace leurs voix et leurs expériences au centre de la scène.
Réalisateur | Eliane Esther Bots |
Acteur | Caroline Châtelet |
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« Si je devais faire un film sur moi-même, je serais la voix-off » : cette déclaration introductive condense autant ce qui fonde la démarche que ce qui structure le film à venir : faire un film sur, certes, mais surtout avec. Patiemment, en déterritorialisant physiquement – dans une chambre d'hôtel – et en ayant recours à divers objets (jouets, photos, croquis, etc.) les trois interprètes, le film ouvre un nouvel espace de paroles. Avec une rigueur et une épure formelles, et un art de la métaphorisation aussi économe que signifiant, il les regarde (les considère) comme des individus pris dans le conflit. Soit non plus uniquement comme des personnes dont la fonction au sein de la machine judiciaire est pensée comme un exercice de neutralité. Leurs témoignages, en racontant cette guerre qui est aussi la leur, disent l'invisibilisation de leurs émotions et réflexions. Soutenu par la neutralité de la photographie, l'économie sobre de chaque plan, le travail sonore soigné, l'ensemble déploie une réflexion stimulante sur les limites et paradoxes des dispositifs judiciaires, comme sur l'éthique du métier d'interprétariat au sein de cette machine.
Caroline Châtelet
journaliste, critique dramatique
« Si je devais faire un film sur moi-même, je serais la voix-off » : cette déclaration introductive condense autant ce qui fonde la démarche que ce qui structure le film à venir : faire un film sur, certes, mais surtout avec. Patiemment, en déterritorialisant physiquement – dans une chambre d'hôtel – et en ayant recours à divers objets (jouets, photos, croquis, etc.) les trois interprètes, le film ouvre un nouvel espace de paroles. Avec une rigueur et une épure formelles, et un art de la métaphorisation aussi économe que signifiant, il les regarde (les considère) comme des individus pris dans le conflit. Soit non plus uniquement comme des personnes dont la fonction au sein de la machine judiciaire est pensée comme un exercice de neutralité. Leurs témoignages, en racontant cette guerre qui est aussi la leur, disent l'invisibilisation de leurs émotions et réflexions. Soutenu par la neutralité de la photographie, l'économie sobre de chaque plan, le travail sonore soigné, l'ensemble déploie une réflexion stimulante sur les limites et paradoxes des dispositifs judiciaires, comme sur l'éthique du métier d'interprétariat au sein de cette machine.
Caroline Châtelet
journaliste, critique dramatique
Français