Dans un village arménien, cinq femmes qui sont filles, mères et grands-mères se racontent leurs histoires et débattent de la vie et de la guerre en préparant le lavash. Ce pain fin dont la pâte est simplement composée de farine, de blé et d'eau constitue une tradition arménienne – et il est inscrit depuis 2014 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité à l'UNESCO. C'est dans le tonratun (le fournil) uniquement dévolu à cet usage que les femmes – traditionnellement les seules à investir cet espace – peuvent parler de sujets intimes. Pendant que les hommes sont ailleurs, elles se livrent sur des questions considérées comme honteuses et embarrassantes dans une société arménienne encore extrêmement patriarcale.
Réalisateur | Inna Mkhitaryan |
Acteur | Caroline Châtelet |
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En guise d'ouverture, la réalisatrice interroge sa mère sur ce qui se disait autrefois dans le tonratun. Si cette dernière refuse de répondre, la mise en œuvre de la fabrication du lavash va délier les langues. En réactivant ce savoir-faire ancestral, c'est autant à une transmission de la tradition du pain que de ce qui se joue dans cet espace clos et spartiate, dominé par l'obscurité, que le film révèle. Ces femmes âgées qui n'avaient plus investi le lieu depuis une vingtaine d'années évoquent leur vie, leurs inquiétudes, leurs difficultés et leurs espoirs. Entre la pauvreté quotidienne, le patriarcat écrasant et la guerre avec l'Azerbaïdjan, le film dessine une certaine histoire de l'Arménie … narrée par ses protagonistes invisibles. Si Inna Mkhitaryan filme avec autant d'attention et de délicatesse le travail, ses étapes, les gestes réglés, c'est que ce labeur partagé permet à la parole d'advenir. L'on saisit dans ce mouvement collectif – la fabrication du lavash reposant sur une organisation précise où chacune a son rôle – la puissance de la sororité et la façon dont ces femmes ont pu par l'investissement de cet espace se soutenir et avancer ensemble.
Caroline Châtelet
journaliste, critique dramatique
En guise d'ouverture, la réalisatrice interroge sa mère sur ce qui se disait autrefois dans le tonratun. Si cette dernière refuse de répondre, la mise en œuvre de la fabrication du lavash va délier les langues. En réactivant ce savoir-faire ancestral, c'est autant à une transmission de la tradition du pain que de ce qui se joue dans cet espace clos et spartiate, dominé par l'obscurité, que le film révèle. Ces femmes âgées qui n'avaient plus investi le lieu depuis une vingtaine d'années évoquent leur vie, leurs inquiétudes, leurs difficultés et leurs espoirs. Entre la pauvreté quotidienne, le patriarcat écrasant et la guerre avec l'Azerbaïdjan, le film dessine une certaine histoire de l'Arménie … narrée par ses protagonistes invisibles. Si Inna Mkhitaryan filme avec autant d'attention et de délicatesse le travail, ses étapes, les gestes réglés, c'est que ce labeur partagé permet à la parole d'advenir. L'on saisit dans ce mouvement collectif – la fabrication du lavash reposant sur une organisation précise où chacune a son rôle – la puissance de la sororité et la façon dont ces femmes ont pu par l'investissement de cet espace se soutenir et avancer ensemble.
Caroline Châtelet
journaliste, critique dramatique
Français