Solo

Martín est de tous les plans. Même s'il est parfois absent, comme dévoré par la maladie, sa musique l'inscrit dans le monde et nous relie à lui. Elle l'enferme aussi dans ce qu'on lui demande depuis l'enfance : la perfection du virtuose. "Avec la musique, tu peux raconter toute ton histoire", l'encourage Luis, son ami de la Borda. Car le film raconte aussi ce célèbre lieu de la psychiatrie institutionnelle en Argentine où les frontières entre patients et thérapeutes s'estompent et où l'humanité est partout. Et c'est dans ce cadre que le jeune pianiste a débuté son grand projet : la composition d'une œuvre capable de traduire sa souffrance mais, surtout, qui va lui permettre d'accepter la solitude. Le cinéaste Artemio Benki, disparu avant la sortie du film en salle, réussit ici un magnifique portrait qui nous tient en haleine : si jouer pour les autres est une nécessité vitale, Martín réussira-t-il à faire disparaître l'enfant prodige et ainsi réussir à vivre ?

Éva Tourrent
Responsable artistique de Tënk