Nos printemps passés ne reviendront plus

"Tu es allée au potager aujourd'hui ?" Quelques mots échangés entre un homme et une femme aux cheveux blancs. Entre eux, une vitre les sépare. Ce pourrait n'être qu'un film de confinement. Un récit parmi d'autres de ce moment où chacun et chacune s'est trouvé·e isolé·e dans un événement mondial. En 14 petites minutes, Joel Cartaxo Anjos saisit bien plus que cela. On comprend vite que les jours se confondent pour elle. "Peut-être était-ce hier.", ajoute comme par politesse celui qui demande un baiser avant de se quitter. Le petit-fils et réalisateur réussit avec beaucoup de délicatesse à nous faire éprouver l'attente et un peu de ces liens qui unissent les êtres. Derrière les questions posées au téléphone ou les images du jardin encore cultivé, c'est toute une vie commune qui apparaît alors même qu'elle est en train de disparaître. C'est simple, beau et touchant aussi. Une ode au temps qui passe et aux êtres aimés. Poésie douce-amère de ce qui nous échappe.

Éva Tourrent
Responsable artistique de Tënk