Gardien des mondes

Dans le cimetière de Jellaz, principal cimetière de Tunis, Leïla Chaibi filme Hassan, arrivé ici après une vie tumultueuse. Celui-ci raconte qu’il s’est endormi il y a près de quarante ans au pied d’un tombeau. A son réveil il n’a jamais quitté le cimetière. Il y a élu domicile, y a trouvé la paix, vivant en indigent auprès de sa mère enterrée là, à qui il se confie quotidiennement. Il se livre également à la cinéaste, qui se tient dans cet interstice entre le monde des vivants et le monde des morts. Dans ce creux, Leïla Chaibi se fait passeuse non seulement d’images mais aussi d’histoires, tout en faisant l’immense travail de déconstruire son regard, son écoute, et de puiser dans ces interstices des questions qui interrogent ces mondes et leurs perméabilités. En creux, se dessine le portrait de ce lieu suspendu entre deux mondes, mais aussi celui des Tunisois qui y visitent leurs défunts.

Aurélien Marsais
Programmateur, producteur