L'homme est-il au service de la machine ou vice versa ? Albert Bernet vit dans une ferme isolée du Val de Travers et exerce avec passion deux métiers : paysan et horloger. En 1960, il fait ainsi partie de l'espèce en voie de disparition des « paysans-horlogers », ces travailleurs à domicile en passe d’être supplantés par les ouvriers d'usine. Le film était commandé par l'entreprise horlogère Ebauches S.A.. Le sombre tableau que dresse le réalisateur des nouveaux processus de travail dans l'industrie de précision n’en est que plus audacieux.
| Réalisateur | Henry Brandt |
| Acteur | Entrevues Belfort |
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Chaque film est une métrique fixe. On dit du pendulier qu’il a passé toute sa vie au même rythme. Un film suit le sien : 24 fois par seconde, une image sur la rétine, pas plus. Albert Bernet, lui, refuse une certaine vitesse. Il refuse, par exemple, que l’électricité pénètre son domicile. Fier d’une histoire séculaire, il incarne la précision humaine – un savoir sédimenté par la pratique. L’industrie impose son propre tempo : production accélérée, « efficacité » sans appel. Standardisation des pièces par des machines omniprésentes : il est dit que leur apport à la productivité est incontestable. C’est là que le regard de Henry Brandt s’attarde, fasciné par la beauté mécanique des outils industriels, leurs corps métalliques, froids et étrangement vivants. La mise en scène du film est à l’image de ce qu’elle montre : minutieuse, précise, portée par une écriture rigoureuse. Le récit emprunte alors une étrange dialectique : réussir à célébrer la beauté de l’artisanat dans un film commandé par ce qui le fait peu à peu disparaître.
Lucas Gouin
Entrevues Belfort

Chaque film est une métrique fixe. On dit du pendulier qu’il a passé toute sa vie au même rythme. Un film suit le sien : 24 fois par seconde, une image sur la rétine, pas plus. Albert Bernet, lui, refuse une certaine vitesse. Il refuse, par exemple, que l’électricité pénètre son domicile. Fier d’une histoire séculaire, il incarne la précision humaine – un savoir sédimenté par la pratique. L’industrie impose son propre tempo : production accélérée, « efficacité » sans appel. Standardisation des pièces par des machines omniprésentes : il est dit que leur apport à la productivité est incontestable. C’est là que le regard de Henry Brandt s’attarde, fasciné par la beauté mécanique des outils industriels, leurs corps métalliques, froids et étrangement vivants. La mise en scène du film est à l’image de ce qu’elle montre : minutieuse, précise, portée par une écriture rigoureuse. Le récit emprunte alors une étrange dialectique : réussir à célébrer la beauté de l’artisanat dans un film commandé par ce qui le fait peu à peu disparaître.
Lucas Gouin
Entrevues Belfort
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