En 1981, Nicolae Ceauşescu dirige la Roumanie communiste depuis sept ans déjà. Il écrit l’histoire officielle avec le concours de la télévision nationale. Du haut de ses seize ans, le jeune Mugur Călinescu écrit une autre histoire sur les murs de la petite ville où il réside : des messages critiques du régime, à la craie et en lettres majuscules (donnant son titre au film, "Tipografic Majuscul" signifiant "lettres capitales"). La police secrète roumaine (Securitate) l’observe, l’appréhende, l’interroge et le détruit.
Réalisateur | Radu Jude |
Acteur | Caroline Châtelet |
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D'abord, il y a un spectacle. Écrit par la dramaturge Gianina Carbunariu, il s'inspire de l'histoire tragique de Mugur Călinescu. C'est aux alentours de 2012 que Radu Jude découvre cette pièce de théâtre documentaire basée sur le dossier de l'affaire – toutes les paroles du texte étant tirées dudit dossier – et décide de s'en saisir. Loin de filmer benoîtement le spectacle, il en propose un reenactment, réactivant en le déplaçant son dispositif. Aux images donnant à voir l'esthétique stylisée du spectacle (proche des décors sucrés des jeux télévisés), le réalisateur adjoint des extraits d'archives télévisuelles. Les fêtes et les scènes pittoresques de la vie quotidienne bien souvent à la gloire de Nicolae Ceauşescu et de son épouse s'égrènent, offrant un contrepoint à la mécanique implacable de la surveillance touchant l'adolescent. Ici, des archives officielles devenues la matière première d'une mise en récit théâtrale se frottent à d'autres, l'ensemble dessinant une histoire et son paysage. Le tout étant bien le récit d'un pouvoir coercitif englué dans la propagande d’État.
Caroline Châtelet
journaliste, critique dramatique
D'abord, il y a un spectacle. Écrit par la dramaturge Gianina Carbunariu, il s'inspire de l'histoire tragique de Mugur Călinescu. C'est aux alentours de 2012 que Radu Jude découvre cette pièce de théâtre documentaire basée sur le dossier de l'affaire – toutes les paroles du texte étant tirées dudit dossier – et décide de s'en saisir. Loin de filmer benoîtement le spectacle, il en propose un reenactment, réactivant en le déplaçant son dispositif. Aux images donnant à voir l'esthétique stylisée du spectacle (proche des décors sucrés des jeux télévisés), le réalisateur adjoint des extraits d'archives télévisuelles. Les fêtes et les scènes pittoresques de la vie quotidienne bien souvent à la gloire de Nicolae Ceauşescu et de son épouse s'égrènent, offrant un contrepoint à la mécanique implacable de la surveillance touchant l'adolescent. Ici, des archives officielles devenues la matière première d'une mise en récit théâtrale se frottent à d'autres, l'ensemble dessinant une histoire et son paysage. Le tout étant bien le récit d'un pouvoir coercitif englué dans la propagande d’État.
Caroline Châtelet
journaliste, critique dramatique
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