Le 17 mai 1946, le dictateur Ion Antonescu, Chef de l’État du royaume de Roumanie, allié d’Hitler, est condamné à mort par le Tribunal populaire. Le cameraman Ovidiu Gologan filme son exécution et celle de ses compagnons dans des images en noir et blanc impressionnantes. En 1994, le cinéaste Sergiu Nicolaescu (également acteur et homme politique) recrée le décor pour son long métrage de fiction _The Mirror_ (Oglinda). Radu Jude confronte les deux points de vue sur l'exécution.
Réalisateur | Radu Jude |
Acteur | Caroline Châtelet |
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Sobrement sous-titré "une comparaison", Cele doua executii ale Maresalului (Les Deux Exécutions du Maréchal) déplie aussi simplement qu'il l'annonce son projet. Soit un montage alternant entre les images d'archives muettes en noir et blanc et celles en couleur de la fiction. Ce faisant, le film révèle de manière percutante comment les choix cinématographiques du réalisateur Sergiu Nicolaescu remodèlent l'histoire. L'on assiste ici au pillage et à la trahison des archives originelles, la fictionnalisation devenant l'outil d'une héroïsation crasse. Entre le morceau au piano allant crescendo ; des ajouts de dialogues mettant en avant une supposée humilité ainsi qu'un sens de la droiture chez Ion Antonescu ; la fiction fait du dictateur antisémite un homme vertueux, et, donc, un martyre ne méritant pas son exécution sommaire. Quand la "reconstitution historique" devient falsification et sert une vision de l'Histoire romancée éminemment suspecte...
Caroline Châtelet
journaliste, critique dramatique
Sobrement sous-titré "une comparaison", Cele doua executii ale Maresalului (Les Deux Exécutions du Maréchal) déplie aussi simplement qu'il l'annonce son projet. Soit un montage alternant entre les images d'archives muettes en noir et blanc et celles en couleur de la fiction. Ce faisant, le film révèle de manière percutante comment les choix cinématographiques du réalisateur Sergiu Nicolaescu remodèlent l'histoire. L'on assiste ici au pillage et à la trahison des archives originelles, la fictionnalisation devenant l'outil d'une héroïsation crasse. Entre le morceau au piano allant crescendo ; des ajouts de dialogues mettant en avant une supposée humilité ainsi qu'un sens de la droiture chez Ion Antonescu ; la fiction fait du dictateur antisémite un homme vertueux, et, donc, un martyre ne méritant pas son exécution sommaire. Quand la "reconstitution historique" devient falsification et sert une vision de l'Histoire romancée éminemment suspecte...
Caroline Châtelet
journaliste, critique dramatique
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