Au Portugal, le quotidien d’une fonderie de bronze, spécialisée dans la production semi-industrielle de pièces détachées pour le domaine naval, est mis en parallèle avec la liberté d’esprit caractérisant la "poterie des monstres" sur une place du village où tout le monde se rassemble.
Réalisateur | Malak Maatoug |
Acteur | Olivia Cooper Hadjian |
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Au Portugal, deux productions se rencontrent et se fondent : celle d’une petite usine travaillant le bronze, celle d’un groupe modelant l’argile sur une place de village. Difficile de voir d’emblée ce qui se fabrique : Malak Maatoug sépare les gestes de leur motivation, s’attarde sur le contact avec la matière — poussière, métal en fusion, glaise plus ou moins humide. Le passage intempestif d’un lieu à l’autre et le savoir-faire sensible des deux côtés brouillent les frontières entre ces deux univers, tous deux curieusement polyglottes. Les alternances de jour et de nuit sur la place et l’atmosphère recluse de l’usine apportent une confusion temporelle, comme si les gestes se répétaient depuis l’origine des temps. Dans la fabrique, ou les machines ont encore besoin d’êtres humains pour fonctionner, le cinéaste révèle la précision des mouvements, l’attention qui leur est donnée. Si ce travail est un gagne-pain, cela n’empêche pas de s’y consacrer avec plaisir. Inversement, les potiers à la pratique plus créative se délectent d’efforts "gratuits". Le film nous amène vers la découverte de quelques productions, tout en relativisant la notion de finalité : les ouvriers ne travaillent pas pour eux-mêmes et les pièces détachées empaquetées dans la scène finale vont bientôt rejoindre une destination inconnue ; les potiers du dimanche créent des objets futiles, décoratifs, dont ils ne tireront pas profit. Leurs corps respectifs, en mouvement, se font écho pour célébrer l’acte de fabriquer avec ses mains, une compétence de plus en plus superflue, peut-être bientôt disparue.
Olivia Cooper Hadjian
Membre du comité de sélection de Cinéma du réel,
critique pour Critikat
Au Portugal, deux productions se rencontrent et se fondent : celle d’une petite usine travaillant le bronze, celle d’un groupe modelant l’argile sur une place de village. Difficile de voir d’emblée ce qui se fabrique : Malak Maatoug sépare les gestes de leur motivation, s’attarde sur le contact avec la matière — poussière, métal en fusion, glaise plus ou moins humide. Le passage intempestif d’un lieu à l’autre et le savoir-faire sensible des deux côtés brouillent les frontières entre ces deux univers, tous deux curieusement polyglottes. Les alternances de jour et de nuit sur la place et l’atmosphère recluse de l’usine apportent une confusion temporelle, comme si les gestes se répétaient depuis l’origine des temps. Dans la fabrique, ou les machines ont encore besoin d’êtres humains pour fonctionner, le cinéaste révèle la précision des mouvements, l’attention qui leur est donnée. Si ce travail est un gagne-pain, cela n’empêche pas de s’y consacrer avec plaisir. Inversement, les potiers à la pratique plus créative se délectent d’efforts "gratuits". Le film nous amène vers la découverte de quelques productions, tout en relativisant la notion de finalité : les ouvriers ne travaillent pas pour eux-mêmes et les pièces détachées empaquetées dans la scène finale vont bientôt rejoindre une destination inconnue ; les potiers du dimanche créent des objets futiles, décoratifs, dont ils ne tireront pas profit. Leurs corps respectifs, en mouvement, se font écho pour célébrer l’acte de fabriquer avec ses mains, une compétence de plus en plus superflue, peut-être bientôt disparue.
Olivia Cooper Hadjian
Membre du comité de sélection de Cinéma du réel,
critique pour Critikat
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