Mon ami Franck Venaille, poète et homme de radio, meurt. À partir d’archives de sa voix, j’entreprends de faire un film comme on fait son deuil. Depuis le déménagement de son bureau, ce film est le voyage de deux endeuillés ; sa femme et moi, guidés par une voix, la sienne.
Réalisateur | Martin Verdet |
Acteur | Caroline Châtelet |
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Avant même les premières images, l'absence est déjà là : "Et sans Franck Venaille" signale le générique introductif. C'est que le poète français à l'existence discrète et décédé en 2018 occupe le film, il en est le cœur et le moteur. Tandis que patiemment sa femme trie ses documents, qu'elle vide avec Martin Verdet son espace de travail, l'ami-réalisateur filme. Superposant d'autres images plus anciennes où Venaille occupait ce lieu et réalisant un montage d'archives sonores de la voix du poète, Verdet donne à entendre la voix, la pensée, la présence de Franck Venaille. Ce faisant, ce geste en rappelle d'autres – telle l'écriture par le poète Stéphane Mallarmé de Pour un tombeau d'Anatole, composé suite à la mort de son fils en 1879. Le film s'inscrit ainsi autant dans une tradition littéraire attachée à capter le mouvement de disparition, qu'il réalise un geste intime et émouvant. Et la poésie désignée par le psychanalyste Jacques Lacan "imaginairement symbolique" devient ici, et avec le cinéma, le matériau pour symboliser la perte.
Caroline Châtelet
journaliste, critique et dramatique
Avant même les premières images, l'absence est déjà là : "Et sans Franck Venaille" signale le générique introductif. C'est que le poète français à l'existence discrète et décédé en 2018 occupe le film, il en est le cœur et le moteur. Tandis que patiemment sa femme trie ses documents, qu'elle vide avec Martin Verdet son espace de travail, l'ami-réalisateur filme. Superposant d'autres images plus anciennes où Venaille occupait ce lieu et réalisant un montage d'archives sonores de la voix du poète, Verdet donne à entendre la voix, la pensée, la présence de Franck Venaille. Ce faisant, ce geste en rappelle d'autres – telle l'écriture par le poète Stéphane Mallarmé de Pour un tombeau d'Anatole, composé suite à la mort de son fils en 1879. Le film s'inscrit ainsi autant dans une tradition littéraire attachée à capter le mouvement de disparition, qu'il réalise un geste intime et émouvant. Et la poésie désignée par le psychanalyste Jacques Lacan "imaginairement symbolique" devient ici, et avec le cinéma, le matériau pour symboliser la perte.
Caroline Châtelet
journaliste, critique et dramatique
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