Je, tu, il, elle

Son premier long métrage de fiction, Chantal Akerman l’a tourné en six jours, alors qu’elle avait 24 ans, avec un budget plus que modeste. Un film ciselé, intensément dépouillé, qu’elle a écrit quand elle avait « l’âge du personnage et les mêmes sortes de problèmes », en 1968, mais qu’elle a réalisé six ans plus tard – un laps de temps qui, d’après elle, a « permis une mise en scène ». Elle précise : l’utilisation d’elle-même en tant qu’actrice faisait partie de cette mise en scène. La première des trois parties qui composent le film a, justement, une allure de performance. Dans un décor fait d’angles et de lignes droites, alors que, hors champ, la ville s’agite, un corps y perce, se révèle, se soulève, fait des courbes. Et écrit une lettre – ou est-ce un scénario – avant d’aller rejoindre le monde, les autres, anonymes parfois, et la grande circulation du désir.

Charlène Dinhut
Programmatrice et commissaire d'exposition