Mi-juin 1968, les "accords" de Grenelle sont signés entre les syndicats, le patronat et le gouvernement. Aux usines Wonder de Saint-Ouen, la reprise du travail vient d’être votée, mais une jeune ouvrière s’insurge : le scrutin a été manipulé, rien n’a été obtenu et, de toute façon, elle ne "foutra plus jamais les pieds dans cette taule". Deux membres du "bureau local de la CGT de Saint-Ouen" tentent de la convaincre que c’est une première victoire, avant qu’un jeune homme s’immisce dans le débat pour mettre en question leurs arguments. À la porte de l’usine, le chef du personnel engage "les gens de chez Wonder à rentrer reprendre leur travail tranquillement".
Réalisateurs | Pierre Bonneau, Jacques Willemont, Liane Estiez-Willemont |
Acteur | David Benassayag |
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Réalisé par des étudiants de l’IDHEC en grève, "La Reprise du travail aux usines Wonder" résume en quelques minutes un moment historique et les forces en présence : la spontanéité de la révolte ouvrière ; la CGT qui cherche à l’encadrer ; la jeunesse contestatrice ; à l’arrière-plan, un patronat autoritaire. Le film, en filigrane, enregistre un déplacement. À la confrontation entre une colère sourde à tout argument et un discours mesuré incapable de l’entendre, se superpose progressivement une confrontation implicite entre "gauchistes" et "staliniens". Bientôt, la parole de l’ouvrière est supplantée par les discours masculins — finalement dérisoires, car c’est bien le représentant de l’ordre qui aura le dernier mot. Vingt ans plus tard, Hervé Le Roux partira, dans "Reprise" à la recherche des protagonistes du film et de l’histoire plus large dans laquelle ils s’inscrivent.
David Benassayag
Réalisé par des étudiants de l’IDHEC en grève, "La Reprise du travail aux usines Wonder" résume en quelques minutes un moment historique et les forces en présence : la spontanéité de la révolte ouvrière ; la CGT qui cherche à l’encadrer ; la jeunesse contestatrice ; à l’arrière-plan, un patronat autoritaire. Le film, en filigrane, enregistre un déplacement. À la confrontation entre une colère sourde à tout argument et un discours mesuré incapable de l’entendre, se superpose progressivement une confrontation implicite entre "gauchistes" et "staliniens". Bientôt, la parole de l’ouvrière est supplantée par les discours masculins — finalement dérisoires, car c’est bien le représentant de l’ordre qui aura le dernier mot. Vingt ans plus tard, Hervé Le Roux partira, dans "Reprise" à la recherche des protagonistes du film et de l’histoire plus large dans laquelle ils s’inscrivent.
David Benassayag