Le Poireau perpétuel

Ce film commence par l'arrivée du printemps, d'une fourmi, et d'un anniversaire. Mais ce journal au long cours – dont le tournage s'est étalé entre 2015 et 2019 – embrasse autant qu'enchâsse également de multiples autres propos, réflexions, enjeux. En suivant au plus près des animaux (grenouille, fourmi, poussin, etc.) ; en détaillant les maladies qui rôdent (tumeur, cancer, scoliose) ; en filmant en gros plan les gestes, les êtres, les choses ; en interrogeant son désir d'enfant, Zoé Chantre offre une chronique aussi intime que généreuse sur la peur de la mort et le désir de vivre. Les dessins griffonnés (volontiers animés) et la bande sonore singulière participent du caractère ludique de ce film « bricolé ». Si l'inventivité formelle séduit par son caractère astucieux et poétique, elle soutient, surtout, admirablement l'approche intelligente et sensible d'un film qui ne cesse de questionner la mort et son paradoxe : être un événement autant inassimilable qu'indécorrélable de l'expérience de la vie.

Caroline Châtelet
journaliste, critique dramatique