Partant du lynchage d’un Noir par trois Blancs, "Sud" dépeint un Texas nostalgique de son passé esclavagiste. Dans une alternance de plans fixes et de longs travellings, Chantal Akerman va reconstituer l’horrible fait divers qui eut lieu en juin 1998 à Jasper. Un Noir a été enchaîné à un camion et traîné pendant plusieurs kilomètres sur une route, par trois jeunes Blancs. La victime était un musicien. Les criminels appartenaient à des groupes d’extrême droite.
Réalisateur | Chantal Akerman |
Acteur | Claire Simon |
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C’est un film simple et magnifique où la mise en scène est sûre comme rarement, des travellings, des plans magnifiquement cadrés nous disent cette ambiance pauvre, poisseuse et mythique du Sud des États-Unis, là où l’esclavage puis la ségrégation ont pris leur source. Certains habitants parlent, racontent ce passé, puis le présent du film : un homme noir a été lynché par des suprémacistes blancs. Le sheriff gêné décrit le crime, entre chaque entretien les maisons le long des routes disent la pauvreté, puis l’office à l’église où chacun honore en chantant la mémoire de ce musicien traîné sur une route jusqu’à ce que mort s’en suive. La rigueur du film est sa force et sa dignité. Chaque plan installe une distance qui force le respect. À l’extérieur de l’église des balançoires filmées de loin où des petites filles se balancent puis les quittent une à une laissant les sièges vides flotter tristement devant l’église où le souvenir de l’office nous prend à la gorge. Puis enfin ce plan final intolérable de la route qui dure le temps du martyre dont le film est le récit. Il y a parfois une voiture qui roule sur cette route et qui le jour du crime a sûrement vu ce qui se passait.
Claire Simon
Réalisatrice
C’est un film simple et magnifique où la mise en scène est sûre comme rarement, des travellings, des plans magnifiquement cadrés nous disent cette ambiance pauvre, poisseuse et mythique du Sud des États-Unis, là où l’esclavage puis la ségrégation ont pris leur source. Certains habitants parlent, racontent ce passé, puis le présent du film : un homme noir a été lynché par des suprémacistes blancs. Le sheriff gêné décrit le crime, entre chaque entretien les maisons le long des routes disent la pauvreté, puis l’office à l’église où chacun honore en chantant la mémoire de ce musicien traîné sur une route jusqu’à ce que mort s’en suive. La rigueur du film est sa force et sa dignité. Chaque plan installe une distance qui force le respect. À l’extérieur de l’église des balançoires filmées de loin où des petites filles se balancent puis les quittent une à une laissant les sièges vides flotter tristement devant l’église où le souvenir de l’office nous prend à la gorge. Puis enfin ce plan final intolérable de la route qui dure le temps du martyre dont le film est le récit. Il y a parfois une voiture qui roule sur cette route et qui le jour du crime a sûrement vu ce qui se passait.
Claire Simon
Réalisatrice
Français
Anglais