Pendant un an, Denis Gheerbrant s'est rendu à Marseille, à Charleroi, à Bruay, à Genève, dans les banlieues industrielles en déclin. (Dans mes relations avec les personnes choisies), "j'avais une règle du jeu qu'on peut énoncer comme suit : quelle image de toi-même tu mets en scène dans ta vie ?". "et la vie" fait penser à une remarque de Louis Malle qui disait que le tournage de documentaire en cinéma direct accélérait considérablement la construction d'une amitié. Le spectateur garde l'impression que Denis Gheerbrant a réussi à nouer des amitiés rapides mais fortes. Les propos de différents personnages concourent à dresser les contours d'un système de références commun à tous les grands bassins industriels, qu'ils soient du Nord ou du Sud. Un grand thème les rassemble : la disparition de ce que l'on appelait la classe ouvrière.
Réalisateur | Denis Gheerbrant |
Acteur | Arnaud Hée |
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Il est fort tentant de considérer une filiation rouchienne, plus précisément avec "Chronique d’un été" d'Edgar Morin et Jean Rouch : la rencontre, le rapport entre filmés et filmeurs, la fraternité, l'époque qui se niche dans un film. Et ce titre, "et la vie"", a forcément quelque chose à voir avec l'emblématique "Comment tu te débrouilles avec la vie ?". Ceci dit, on constate que le titre n’est pas interrogatif, alors qu’il fait aboutir le travail précédent de Denis Gheerbrant ("Amour, rue de Lappe", "Question d’identité"), qui est pour le moins questionnant : qu’est-ce qu’une présence, une parole et une identité populaire et ouvrière (au cinéma) ? Le cinéaste parcourt ici une sorte de ligne de front habitée par des êtres attachés à des espaces blessés, désindustrialisés, où les idéologies font plus que battre de l’aile. Mais de rencontres en rencontres, il affirme la vie, et rien que la vie, allant jusqu’à filmer une naissance.
Arnaud Hée
Programmateur, enseignant et critique
Il est fort tentant de considérer une filiation rouchienne, plus précisément avec "Chronique d’un été" d'Edgar Morin et Jean Rouch : la rencontre, le rapport entre filmés et filmeurs, la fraternité, l'époque qui se niche dans un film. Et ce titre, "et la vie"", a forcément quelque chose à voir avec l'emblématique "Comment tu te débrouilles avec la vie ?". Ceci dit, on constate que le titre n’est pas interrogatif, alors qu’il fait aboutir le travail précédent de Denis Gheerbrant ("Amour, rue de Lappe", "Question d’identité"), qui est pour le moins questionnant : qu’est-ce qu’une présence, une parole et une identité populaire et ouvrière (au cinéma) ? Le cinéaste parcourt ici une sorte de ligne de front habitée par des êtres attachés à des espaces blessés, désindustrialisés, où les idéologies font plus que battre de l’aile. Mais de rencontres en rencontres, il affirme la vie, et rien que la vie, allant jusqu’à filmer une naissance.
Arnaud Hée
Programmateur, enseignant et critique
Français