Dans la maison

Karima Saïdi, filme Achoucha, Aïcha… sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer. La cinéaste accompagne la fin de vie d’un être aimé sur le point de s’éteindre et dont il faut garder une trace pour soi, pour le monde. Alors délicatement Karima remonte le temps et nous restitue une trajectoire de femme à la volonté inébranlable, qui a navigué à rebours de sa société d’origine, le Maroc, à rebours aussi des codes de la Belgique, le pays dans lequel elle s’installe à la fin des années soixante. Le film prend la forme d’une conversation ultime entre une fille et sa mère… Karima interroge Aïcha avec tendresse et pudeur, avec insistance parfois.

Lentement, difficilement les souvenirs remontent. Dans le dédale des archives personnelles et de found-footage, de moments saisis à Bruxelles et Tanger, se dessine une histoire familiale, celle d’Aïcha et de ses quatre enfants. Par ce qui est tu, on devine les drames. Derrière l’histoire, de sa mère, celle de sa fratrie, la cinéaste nous donne à voir les contours d’une mémoire au féminin de l’immigration marocaine en Belgique.

Katy Léna Ndiaye
Réalisatrice, productrice