Robert Kramer suit le tournage de _Wundkanal_, film de fiction réalisé par le cinéaste allemand Thomas Harlan (fils de Veit Harlan, l'auteur du _Juif Süss_). Sous influence de « l'automne allemand » de 1977 – et de la mort dans des circonstances suspectes de plusieurs membres de la FAR dans la prison de Stammheim – _Wundkanal_ raconte le kidnapping d'un dirigeant nazi poussé à avouer ses crimes. Pour interpréter le rôle principal, Harlan embauche – et donc rémunère – comme acteur un criminel de guerre, le docteur Alfred Filbert, ancien commandant de la Gestapo.
Réalisateur | Robert Kramer |
Acteur | Caroline Châtelet |
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« Filmé, l'ennemi devient-il moins ennemi ? » interroge Jean-Louis Comolli (Images documentaires n°23, 1995). Dans Notre nazi, l'ennemi a beau être reconnu par toute l'équipe de Wundkanal comme tel, cette question n'en est pas moins au travail. En captant le tournage et tous ses alentours sur la durée, Robert Kramer donne à voir les louvoiements entre adversité et altérité. Toutes et tous se retrouvent pris au piège du procès qu'Harlan installe – peut-être pas tant pour régler ses comptes avec l'histoire de son pays qu'avec son propre père. Tantôt affable, tantôt hargneux, l'octogénaire esquive, ment, se rebiffe, enjôle. Baigné dans l'atmosphère poisseuse de la fiction qui se prolonge hors-champ par une tension omniprésente, l'on assiste aux dynamiques d'empathie ou de répulsion face à cet octogénaire filmé en gros-plan, dont chaque détail du visage est scruté. S'il n'y aura ni aveux ni repentance, Notre nazi porte de façon implacable des enjeux éminemment éthiques et politiques : comment filmer l'autre et quid de la relation qu'établit tout dispositif cinématographique.
Caroline Châtelet
journaliste, critique dramatique
« Filmé, l'ennemi devient-il moins ennemi ? » interroge Jean-Louis Comolli (Images documentaires n°23, 1995). Dans Notre nazi, l'ennemi a beau être reconnu par toute l'équipe de Wundkanal comme tel, cette question n'en est pas moins au travail. En captant le tournage et tous ses alentours sur la durée, Robert Kramer donne à voir les louvoiements entre adversité et altérité. Toutes et tous se retrouvent pris au piège du procès qu'Harlan installe – peut-être pas tant pour régler ses comptes avec l'histoire de son pays qu'avec son propre père. Tantôt affable, tantôt hargneux, l'octogénaire esquive, ment, se rebiffe, enjôle. Baigné dans l'atmosphère poisseuse de la fiction qui se prolonge hors-champ par une tension omniprésente, l'on assiste aux dynamiques d'empathie ou de répulsion face à cet octogénaire filmé en gros-plan, dont chaque détail du visage est scruté. S'il n'y aura ni aveux ni repentance, Notre nazi porte de façon implacable des enjeux éminemment éthiques et politiques : comment filmer l'autre et quid de la relation qu'établit tout dispositif cinématographique.
Caroline Châtelet
journaliste, critique dramatique
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