Exotica, Erotica, Etc.

Gerasimos Lykiardopoulos écrit dans son livre "Mythe et Poétique du voyage" : « Derrière la relation littéraire de la prostituée et du marin, derrière le mélodrame des départs continus et de la trahison sexuelle répétée, il y a quelque chose d'inavouable, qui ne peut être prononcé. Il ne s'agit pas tant de la tristesse provoquée par la séparation physique des corps – mais plutôt de leur incapacité d'aimer "jusqu'au bout", une incapacité de vivre. ».
Embarquée à bord de cargos, tankers, porte-conteneurs géants et navires de la marine marchande grecque, Evangelia Kranioti (réalisatrice & artiste plasticienne) a navigué de la Méditerranée jusqu’à la Mer Noire, erré du Pacifique à l’Atlantique, de Magellan à l'Asie en passant par le Pôle Nord.  Dans son film documentaire, "Exotica, Erotica, Etc.", réalisé lors de douze traversées, Evangelia Kranioti entreprend une "recherche anthropologique sur la vie amoureuse des marins, une réflexion sur le désir et l'errance".
Sa "caméra s'apparente au carnet où elle relate les amours dans les ports à travers la trajectoire du couple marin & prostituée". L’immensité nue de la mer et les ports, lieux de désirs, où se croisent l’homme qui voyage (Yorgos, capitaine grec) et la femme qui rêve (nostalgique Sandy, ancienne prostituée chilienne). Par confidences interposées et une voix tour à tour in puis off, les deux personnages s’engagent dans un dialogue au-delà des frontières spatio-temporelles. En pleine mer, comme en pleine nuit, la réminiscence devient mythe.

Anastasia Rachman
Co-fondatrice du Festival du film de fesses - Paris, distributrice.