Pendant plusieurs décennies, le grand voyageur René Gardi (1909 – 2000) fit découvrir le continent africain et ses habitants en Suisse et au-delà. Ses nombreux livres, ses célèbres émissions télévisées et ses films proposent une vision enchantée des temps prémodernes dans lesquels semblent vivre de magnifiques Africain·es le plus souvent pur·es et nu·es. Ce monde, soi-disant intact, devint le paradis de Gardi, l’Afrique réelle devint l'écran fantasmé des projections européennes. Grâce notamment aux archives de René Gardi, "African Mirror" retrace l’histoire de notre image de l’Afrique, reflet d’une époque et d'une idée du "développement" dont il est difficile de se défaire…
Réalisateur | Mischa Hedinger |
Acteur | Jürgen Ellinghaus |
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La naïveté (vraie ? feinte ?) avec laquelle René Gardi croit pouvoir faire dialoguer "montagnards camerounais" et "montagnards suisses" peut paraître touchante. Si elle ne cachait pas une immense méconnaissance associée à un discours profondément raciste, sentencieux de surcroît, et une complaisance explicite avec les violentes pratiques coloniales européennes (dont la saisissante séquence d'un fringant percepteur ambulant français ne fournit encore qu'une vision des plus idylliques). C'est tout le mérite du montage de Mischa Hedinger, non commenté si ce n'est par des citations extraites des écrits du même Gardi, de nous faire sentir toute l'ambiguïté de la posture de cet homme qui, par ses propres activités et des constructions amplifiées par tout un système médiatique affidé, se rend complice des faits à propos desquels il fait semblant de verser des larmes de crocodile en fin de carrière.
Jürgen Ellinghaus
Programmateur, réalisateur
La naïveté (vraie ? feinte ?) avec laquelle René Gardi croit pouvoir faire dialoguer "montagnards camerounais" et "montagnards suisses" peut paraître touchante. Si elle ne cachait pas une immense méconnaissance associée à un discours profondément raciste, sentencieux de surcroît, et une complaisance explicite avec les violentes pratiques coloniales européennes (dont la saisissante séquence d'un fringant percepteur ambulant français ne fournit encore qu'une vision des plus idylliques). C'est tout le mérite du montage de Mischa Hedinger, non commenté si ce n'est par des citations extraites des écrits du même Gardi, de nous faire sentir toute l'ambiguïté de la posture de cet homme qui, par ses propres activités et des constructions amplifiées par tout un système médiatique affidé, se rend complice des faits à propos desquels il fait semblant de verser des larmes de crocodile en fin de carrière.
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