Paradis

Il y a dans Paradis le souffle des grands mythes. Un village assiégé par les flammes. Un feu qui avance et encercle peu à peu une population abandonnée par Moscou. « C'est comme s'il était vivant. Il ne se laisse pas prendre. » Hommes et femmes se transforment en David, unis face au Goliath de flammes. Armés de pulvérisateurs, de pelles et de seaux, chacun et chacune se mobilise. Et le vent, toujours, attise les braises. Il y a ici le souffle des grands films. Dès les premiers instants, la photographie impeccable sublime les paysages de Sibérie. Et, à mesure que les perspectives disparaissent dans un brouillard de fumée orangé, nous voilà pris par le suspense et l'entraide de cette communauté. La musique rythme nos battements de cœur. On retient son souffle, emportés dans cette allégorie de ce que l'humanité peut avoir de pire et de meilleur. Loin des théories sur le changement climatique : la pluie finira-t-elle par arriver ?

Éva Tourrent
Responsable artistique de Tënk