Honeyland

Il arrive que le documentaire s'aventure loin, ici dans les montagnes macédoniennes, pour nous livrer de grands récits universels. Là c'est Hatidze, son hameau, sa solitude, sa mère malade et aussi : un incroyable rapport à son milieu. Aux paysages, aux animaux et à ces toutes petites créatures, les abeilles : Hatidze vend leur miel à la ville proche. Le grand récit, la fable, le conte moral arrivent lorsque cet équilibre fragile est brisé. De nouvelles personnes s'installent dans le village. Mais ce n'est pas leur présence en soi qui pose problème. C'est leur projet « industriel ». Le profit s'invite et force son chemin, quitte à détruire à court terme ce qu'il exploite. C'est une histoire contemporaine trop banale, c'est le motif même de la modernité irréfléchie. Voilà un film documentaire au scénario « parfait ». Qui pose au bout du compte une question : comment ça se fabrique, en documentaire, un tel scénario ?

Jérémie Jorrand
Responsable de l'éditorial et de la programmation de Tënk