Aya

Si tu pouvais devenir quelqu'un, tu serais qui ? Moi-même, répond Aya à sa mère. Aya, c'est Marie-Josée Kokora. Un sacré bout de femme au franc-parler, plus attirée par les garçons que le travail domestique. Simon Coulibaly Gillard choisit délibérément la trame de la fiction. Pour être libre de filmer l'adolescence, ses transformations, par pudeur sans doute aussi. À chaque instant pourtant, la frontière avec la vie réelle de ces deux formidables actrices, réellement mère et fille dans la vie, est ténue. Sa caméra réussit à saisir leurs discussions, à être proche des corps, proche des éléments aussi. De cet océan omniprésent qui grignote peu à peu le littoral et le cimetière, et qui oblige morts et vivants à quitter l'île. Le rivage se délite et c'est aussi l'enfance qui fout le camp. Plus qu'une simple chronique d'un village de pêcheurs menacé par l'avancée inexorable de l'eau, c'est celle de la fin de l'innocence.

Éva Tourrent
Responsable artistique de Tënk