Sur l’île de Lemnos, un soir d’été, trois amis se réunissent pour ressentir l’ivresse d’une douzaine "d'Hasiklidika", chansons Rebetiko qui célèbrent les effets du hachisch et une certaine idée de la liberté par delà la violence et les souffrances de l’exil.
Réalisateur | Elise Florenty, Marcel Türkowsky |
Acteur | Olivia Cooper Hadjian |
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"Don’t Rush" nous invite dans une chambre vaporeuse pour prendre le temps d’écouter l’émission de Giannis, dédiée au Rébétiko, musique née dans les banlieues pauvres d’Athènes dans les années 10, composée par des exilés grecs revenus de Turquie. Depuis cette chambre dont nous ne connaîtrons jamais l’issue ou l’agencement exact, s’élève la voix du jeune homme, éclairant les musiques d’histoires et les enveloppant des nappes du haschich. Dans la pièce, un garçon dort, un autre écoute assis dans un coin. Tous les angles sont bons pour regarder ceux qui écoutent. Le film est brumeux, les hommes qui l’habitent apparaissent et disparaissent dans des éclats de corps, des reflets, des ombres. Le fil continu est celui des voix et de la musique. Ce n’est pas un Rébétiko assagi qui défile, les chants parlent d’amour, de départs, de drogues, de flics, de sabotages, et les pirates de la radio se reconnaissent. Vivre libre, aimer, fumer quitte à se frotter à l’illégalité. Les paroles s’appliquent à tout contexte. Celui de Giannis est particulier. Il y a Athènes qu’il oublie parfois de rejoindre, il y a un procès bientôt, et il y a ces hommes et ces femmes qui tentent d’arriver par ici et que l’on empêche d’entrer. Exilés d’aujourd’hui, ils ont peut-être un autre Rébétiko caché sous leur manteau. Les histoires des chanteurs sont les leurs. Se traîner, prendre le temps d’écouter, le haschich ralentit l’esprit et les corps pour laisser de côté la crasse du monde — "Jette-moi dans la mer profonde" — sans jamais en noyer les douleurs.
Clémence Arrivé
membre du comité de sélection de Cinéma du réel
"Don’t Rush" nous invite dans une chambre vaporeuse pour prendre le temps d’écouter l’émission de Giannis, dédiée au Rébétiko, musique née dans les banlieues pauvres d’Athènes dans les années 10, composée par des exilés grecs revenus de Turquie. Depuis cette chambre dont nous ne connaîtrons jamais l’issue ou l’agencement exact, s’élève la voix du jeune homme, éclairant les musiques d’histoires et les enveloppant des nappes du haschich. Dans la pièce, un garçon dort, un autre écoute assis dans un coin. Tous les angles sont bons pour regarder ceux qui écoutent. Le film est brumeux, les hommes qui l’habitent apparaissent et disparaissent dans des éclats de corps, des reflets, des ombres. Le fil continu est celui des voix et de la musique. Ce n’est pas un Rébétiko assagi qui défile, les chants parlent d’amour, de départs, de drogues, de flics, de sabotages, et les pirates de la radio se reconnaissent. Vivre libre, aimer, fumer quitte à se frotter à l’illégalité. Les paroles s’appliquent à tout contexte. Celui de Giannis est particulier. Il y a Athènes qu’il oublie parfois de rejoindre, il y a un procès bientôt, et il y a ces hommes et ces femmes qui tentent d’arriver par ici et que l’on empêche d’entrer. Exilés d’aujourd’hui, ils ont peut-être un autre Rébétiko caché sous leur manteau. Les histoires des chanteurs sont les leurs. Se traîner, prendre le temps d’écouter, le haschich ralentit l’esprit et les corps pour laisser de côté la crasse du monde — "Jette-moi dans la mer profonde" — sans jamais en noyer les douleurs.
Clémence Arrivé
membre du comité de sélection de Cinéma du réel
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