Janvier 2018. Dans les montagnes du Haut-Karabagh, cinq femmes déminent systématiquement, mètre carré par mètre carré, le "corridor de Lachin", ancienne zone de combat truffée de milliers de mines. Le film rend compte de la méticulosité folle de leur labeur, de la tension qui en résulte, de l'humanité à l'œuvre pour conjurer la peur.
Réalisateur | Silva Khnkanosian |
Acteur | François Waledisch |
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« Même pas peur » nous dit le titre, comme une invite à accompagner le travail de réparation de la terre. Méthodiquement, obstinément, quelques femmes sur des parcelles à flanc d'abruptes pentes répètent des actions séquencées : élagage, taille, grattage jusqu’à l’effleurement… puis identification et localisation de la mine aux sons des bips et vobulations du détecteur. Sous la menace de l'erreur, l'ouïe est ramenée ici à son principe fondamental d'attention. Des variations de sons anodins sont porteuses d'angoisse. Fions-nous au titre et écoutons sans crainte ces continuums bruitistes dans l'intimité du travail. Le surgissement d'un scratch de velcro nous porte à un visage sous la buée d'une visière. Un chien aboie au loin à une autre menace et nous rappelle au monde. Au camp de base ou pendant des pauses, le petit groupe se réunit. Cette microsociété majoritairement féminine invite à d'autres variations : pouffements, explosions de fous rires, chuchotements, visages silencieux... Au fil des jours, quelques mines ont été éliminées, et un petit mètre gagné dans la pente. Dérisoire ? A l'issue du conflit de 2020, ce territoire réhabilité est l'unique passage sécurisé entre l'Arménie et le Haut-Karabagh.
François Waledisch
Ingénieur du son
« Même pas peur » nous dit le titre, comme une invite à accompagner le travail de réparation de la terre. Méthodiquement, obstinément, quelques femmes sur des parcelles à flanc d'abruptes pentes répètent des actions séquencées : élagage, taille, grattage jusqu’à l’effleurement… puis identification et localisation de la mine aux sons des bips et vobulations du détecteur. Sous la menace de l'erreur, l'ouïe est ramenée ici à son principe fondamental d'attention. Des variations de sons anodins sont porteuses d'angoisse. Fions-nous au titre et écoutons sans crainte ces continuums bruitistes dans l'intimité du travail. Le surgissement d'un scratch de velcro nous porte à un visage sous la buée d'une visière. Un chien aboie au loin à une autre menace et nous rappelle au monde. Au camp de base ou pendant des pauses, le petit groupe se réunit. Cette microsociété majoritairement féminine invite à d'autres variations : pouffements, explosions de fous rires, chuchotements, visages silencieux... Au fil des jours, quelques mines ont été éliminées, et un petit mètre gagné dans la pente. Dérisoire ? A l'issue du conflit de 2020, ce territoire réhabilité est l'unique passage sécurisé entre l'Arménie et le Haut-Karabagh.
François Waledisch
Ingénieur du son
Français