"Le coup des lendemains qui chantent, on nous l’a tellement fait (…) Il est plutôt sain d’imaginer autre chose…". Imaginer autre chose, Chris Marker et les équipes audiovisuelles de la CFDT s’y sont essayés, en dix minutes, sur Antenne 2, le 29 mars 1984. À l’occasion du centième anniversaire de la loi Waldeck-Rousseau créant le syndicalisme moderne, ils tentent de prédire l’avenir. Trois scénarios : celle d’une crise économique qui se prolongerait, celle du totalitarisme, celle, enfin, de l’espoir en la culture et la tolérance.
Réalisateur | Chris Marker |
Acteur | Arnaud Lambert |
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Dans son livre de photos "Le Dépays" (1982), Marker écrivait : "Inventer le Japon est un moyen comme un autre de le connaître." Inventer le Japon, c’est déjà l’habiter. Inventer le futur, c’est déjà le préparer. Avec la fiction du temps 2084, Marker invente l’avenir. En 1984, il refuse de faire le documentaire historique qu’on lui commande, au profit d’un exposé spéculatif et hypothétique. Jeu d’Histoire : il préfère le risque de la réflexion ouverte au contentement de la célébration, pour finalement fêter le centenaire du point de vue du bicentenaire. Les catégories coutumières achoppent à propos de ce film qui se voudrait un documentaire sur l’avenir. Au fond, "2084" nous décrit assez bien où Marker situe la question de la fiction. Chez lui, elle est toujours "science-fiction" c’est-à-dire qu’elle est toujours une fiction du temps ("La Jetée", "L’Ambassade"). La fiction n’est pas la mise en scène d’une histoire, mais un effort proprement imaginaire, une projection mentale : retenir du futur.
Arnaud Lambert
Dans son livre de photos "Le Dépays" (1982), Marker écrivait : "Inventer le Japon est un moyen comme un autre de le connaître." Inventer le Japon, c’est déjà l’habiter. Inventer le futur, c’est déjà le préparer. Avec la fiction du temps 2084, Marker invente l’avenir. En 1984, il refuse de faire le documentaire historique qu’on lui commande, au profit d’un exposé spéculatif et hypothétique. Jeu d’Histoire : il préfère le risque de la réflexion ouverte au contentement de la célébration, pour finalement fêter le centenaire du point de vue du bicentenaire. Les catégories coutumières achoppent à propos de ce film qui se voudrait un documentaire sur l’avenir. Au fond, "2084" nous décrit assez bien où Marker situe la question de la fiction. Chez lui, elle est toujours "science-fiction" c’est-à-dire qu’elle est toujours une fiction du temps ("La Jetée", "L’Ambassade"). La fiction n’est pas la mise en scène d’une histoire, mais un effort proprement imaginaire, une projection mentale : retenir du futur.
Arnaud Lambert